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Samedi 24 Septembre 2016 – Après Deadly Rhythm, c’est au tour de SPM Prod de faire sa rentrée. L’équipe nous a donné rendez-vous au Metronum pour une soirée old-school placée sous le signe du thrash metal. Les gars ne se foutent pas de nous puisque la tête d’affiche de ce plateau n’est autre que l’un des membres du Big Four Allemand, j’ai nommé Destruction. Nous allons faire un petit tour du monde en musique, en effet, le trio est accompagné des américains de Flotsam & Jetsam, des suédois d’Enforcer et des brésiliennes de Nervosa.

Le thrash n’est pas le genre le plus populaire dans le coin mais quelques aficionados, venus de Toulouse et alentours, sont déjà postés devant la salle, probablement aussi impatients que moi à l’idée de déguster ce show.

L’ouverture des portes se fait à 19h, les membres de Nervosa vont rapidement monter sur scène.
On pourrait croire que les jeunes femmes ont élu domicile au sein de la ville rose puisque c’est déjà la troisième fois en à peine plus d’un an qu’elle nous rendent visite (la dernière datant du mois de juillet).  Le trio féminin a connu une ascension fulgurante et ce, en à peine deux ans. Elles sont partout, écumant les routes et les continents presque sans cesse depuis la sortie de leur premier album Victim of Yourself sorti en 2014. Leur fougue, leur motivation et leur talent leur ont finalement permis de donner naissance à une seconde galette, Agony, (Napalm Records) dans les bacs depuis quelques mois. C’est au cours de leur tournée d’été que l’excellente batteuse Pitchu Ferraz décide de quitter le navire. Une bien triste nouvelle car l’artiste est une vraie perle, mais pas question pour Nervosa de s’arrêter en si bon chemin. Une batteuse de session viendra donc rapidement rejoindre Fernanda Lira et Prika Amaral pour les dates suivantes. Il s’agit de la jolie canadienne, Samantha Landa.
Trêve de plaisanteries, il est 19h10, la salle est encore peu remplie lorsque les jeunes femmes viennent s’installer sur les planches et devant un parterre à 90% masculin. Du thrash joué par de jolies brésiliennes…ces messieurs auraient tort de se priver. L’intro très « slayeresque » d’Hypocrisy retentit, let’s go pour trente minutes de thrashhhh made in Brasil ! Fernanda (chant/basse) et Prika (chœurs/guitare) occupent le devant de la scène, elles nous balancent leur son avec hargne. Présence scénique, maitrise des instruments et du chant, les nanas nous servent un condensé de titres plus agressifs les uns que les autres : Arrogance, Death !, Intolerance Means War… Le pit se chauffe doucement mais sûrement. J’assiste pour la cinquième fois à un très bon show de Nervosa, je suis toujours aussi troublée par le timbre de Fernanda, ces cris féroces qui résonnent, exhumant le grand Chuck Schuldiner. Le son n’est pas parfait car la basse est un peu trop présente, rendant le tout un poil trop dense et j’avoue avoir un faible pour les shows plus intimistes. La scène me parait, pour le coup, trop grande et le pit un peu vide. Concernant Sam, elle n’a certes pas le charisme de Pitchu mais elle gère vraiment bien pour quelqu’un qui a dû apprendre tout ça à la hâte. Le combo Hostage/Into Moship viendra réveiller les ardeurs des spectateurs donnant ainsi naissance au premiers pogos de la soirée. Le trio féminin infernal, aura une fois encore, conquis la foule.

Changement de style, nous allons maintenant accueillir Enforcer qui va nous faire voyager dans les années 80, tant par le look que la musique. En effet, les suédois distillent, depuis maintenant plus de 10 ans, un heavy metal/speed metal ultra catchy avec une légère touche de thrash, inspiré par des groupes tels qu’Exciter ou Anvil. Avec quelques tournées et quatre albums au compteur dont le dernier, From Beyond, sortait en 2015, c’est cependant la première fois que le groupe nous rend visite.
Extinction des feux à 19h55, l’introduction de Destroyer, titre d’ouverture de leur dernier opus, retentit et les membres d’Enforcer arrivent en trombe. Leggins, cuirs, clous, franges, les suédois revêtent le parfait look speed/glam 80’s, jouant le jeu à fond ! Nous allons passer presque une heure en compagnie de ses jeunes hyperactifs qui nous servent généreusement leur speed metal euphorisant. Derrière les fûts, Jonas Wikstrand, donne le rythme de sa frappe franche ,doublé par le petit nerveux Tobias Lindkvist à la basse. Les guitares sont assurées par le moustachu Jonathan Nordwall (remplaçant Joseph Tholl) et le vocaliste Olof Wikstrand. Les riffs mélodiques et véloces fusent, et donnent clairement envie de remuer le body ! Après la très glam Undying Evil, le public entonnera le refrain efficient de From Beyond, encouragé par l’impétueux Olof. La voix de ce dernier est impressionnante, il nous balance ses cris aigus avec puissance et justesse. Malheureusement, de là où je suis, je ne perçois pas toujours le chant et c’est vraiment dommage. Si certains réfractaires exclusivement thrashers se sont éclipsés dès les premiers morceaux, d’autres fans ne se font pas prier pour chanter et bouger au gré des titres. Je me régale sur des compos telles que Live for the Night dont la rythmique thrash et les lignes de basse ressortent parfaitement en live. Le show envoyé par les membres d’Enforcer est vraiment cool, les gars sont dynamiques et, bien que les yeux soient majoritairement rivés sur le charismatique vocaliste, je trouve le tout équilibré. Le quator s’eclipsera au bout de 50 minutes et après un final agrémenté par les deux titres entrainants que sont Take Me Out of This Nightmare et Midnight Vice : ça groove, ça rock, c’est extra !
Pour certains Enforcer faisait figure d’intrus sur cette affiche, je trouve au contraire que cela apporte un peu de fraîcheur… ou de chaleur, vue la bonne ambiance qui régnait durant leur prestation.

Encore un changement de plateau avant l’arrivée des américains de Flotsam and Jetsam. La formation, née il y a plus de trente ans à Phoenix, a connu pas mal de changements de line-up et n’a malheureusement jamais rencontré le succès, pourtant mérité. 2016 sonne comme un nouveau départ pour Flotsam and Jetsam qui sortait son album éponyme il y a quelque mois (12ème album) …et quel album ! Nous avions reçu le groupe au Bikini en 2014, sur le même plateau que Sepultura, Legion of The Damned et Mortillery, qui nous avait offert une belle prestation quoiqu’un peu en deçà des attentes…
Un poil plus de 300 personnes sont maintenant réunies dans la salle, impatientes d’assister aux prestations des deux gros groupes de la soirée. Le Metronum s’assombrit vers 21h, Jason Bittner s’installe derrière sa batterie alors que les premières notes du titre Seventh Seal, préambule du dernier opus, résonnent. Les musiciens apparaissent, Michael Gilbert et Steve Conley aux guitares aux côtés des deux acolytes et membres d’origine, le chanteur Eric A. « A.K. » Knutson et le bassiste Michael Spencer. Pas besoin de se chauffer, d’entrée de jeu Eric A.K. nous projette son chant heavy impeccable et ultra puissant, wow ! Le son imparfait et un peu brouillon au départ s’améliorera rapidement pour notre plus grand bonheur. Nous nous en prenons plein les esgourdes et on se laisse rapidement emporter par l’efficacité des morceaux ainsi que l’énergie folle qui se dégage de la scène. Michael G et Steve nous délivrent les riffs dévastateurs et soli mélodiques avec le sourire, c’est vraiment très très bon ! Les rythmiques ultra catchy sont rudement bien envoyées par Jason qui frappe ses fûts avec précision et robustesse. Que dire du charismatique Mike.S qui fait agréablement vrombir les 5 cordes de sa belle basse, bien mise en valeur par le réglage sonore. Un son optimal qui révèle la qualité des morceaux tels que la culte Dreams of Death ou encore la punchy Hammerhead. Ajoutez à cela un chanteur souriant, en pleine forme, doté d’une présence scénique incroyable et dont la voix est toujours aussi exceptionnelle. Erik A.K et ses compères sont contents d’être là, ils se donnent à fond et ça dépote ! La chaleur monte d’un cran, les pogoteurs et headbangers s’en donnent à cœur joie, quelques rares motivés s’adonneront au crowd surfing.  L’ambiance bat son plein pendant que les titres défilent. Les membres de Flotsam and Jetsam nous servent un melting-pot des meilleurs titres de leur discographie avec plus d’anciens titres que de nouveautés. Un choix qui ravira la majorité du public car, il faut le dire, ce soir, une bonne partie de l’audience est aussi old-school que la musique. Voilà que j’entends les premiers accords de Me… oh la la la la ce morceau !!! C’est groovy à souhait, ce son de basse est tout simplement divin. Et comme si cela ne suffisait pas, les américains nous gratifient d’un final parfait avec l’enchainement Hard on You / No Place for Disgrace. No Place for Disgrace…cet album de 88 que j’ai tant écouté et que j’aime à la folie. Merci de nous en avoir servis trois titres.
Flotsam and Jestam
c’était une heure (trop courte) de show dans une ambiance conviviale, un putain de show, carré et vivifiant à la fois. Quelle claque !

Remettons-nous vite de nos émotions car la soirée n’est pas encore terminée. Place maintenant à la tête d’affiche : Destruction. Les teutons, membres du big four allemand, sont en activité depuis 82 mais viennent à Toulouse pour la toute première fois. Le groupe a connu quelques vagues dans les années 90 avec des changements au sein du line-up. Cependant, depuis le retour de Schmier Fink au chant et à la basse en 99, la bande de Mike Sifringer a été plutôt productive, pondant presque un album par an. Vaaver est à la batterie depuis 2010 et le trio maintenant consolidé, sortait son 14ème album Under Attack en mai dernier. En 2015, je découvrais Destruction en live pour la première fois au Summer Breeze et j’étais sortie de là décoiffée. Je trépigne donc depuis des mois à l’idée de réitérer la chose. Le moment tant attendu est enfin arrivé.
Le beau décor est en place, les crânes et la couleur sang dominent, on remarque également le chouette pied de micro du chanteur. La tension est à son comble lorsque la lumière décline. La scène se teinte de rouge et le trio allemand débarque avec une introduction brute de décoffrage sur le titre éponyme du dernier album. Les riffs cinglants de Curse the Gods retentissent et la rythmique s’accélère, nous sommes déjà emportés par la puissance du thrash acerbe de Destruction. Schmier, ce géant tout percé et tatoué en impose, tant par son physique impressionnant, sa présence que par ses facultés. Il nous captive avec son charisme et son jeu de basse agressif et robuste mais surtout son timbre de voix acéré et ses cris perçants. Le plus discret Mike parait tout petit à côté, alors que son talent lui,  est colossal. La rapidité et la précision de son jeu sont hallucinantes, Sifringer est un virtuose, faisant à lui tout seul le boulot de deux gratteux. Le pit s’est rapidement mis en mouvement, les cheveux virevoltent et les pogos s’intensifient. C’est sans compter sur l’effet ravageur des titres véloces comme Mad Butcher ou Total Desaster tous deux tirés de l’excellentissime EP Sentence of Death sorti en 84.  Destruction mélange les anciens morceaux aux nouveaux avec notamment Dethroned et Second To None qui sont clairement taillés pour le live.  Le frontman communique beaucoup avec le public, son sourire qui contraste avec son physique intimidant montre qu’il est vraiment content d’être là. Malgré 1h30 de concert, le temps passe beaucoup trop vite ! Le trio envoie du lourd, n’omettant pas les titres phares des années 80, enchaînant Thrash Attack, Black Death et Invisible Force extraits de la tuerie qu’est Infernal Overkill. Le tout est brutal à souhait, brutalité exacerbée par la force des coups assénés par le colosse Vaaver (trop grand pour réellement se planquer derrière sa batterie). Les teutons détruisent tout sur leur passage, et c’est peu de le dire tant leurs compositions sont solides et agressives. On se brise les nuques, oubliant que le temps passe et qu’il est déjà l’heure pour le trio de nous quitter. La foule en veut encore et va, bien évidemment, rappeler Destruction très chaleureusement. Schmier, Vaave et Mike nous reviennent pour un final explosif. Ils s’exécutent, toujours impeccablement, nous offrant les incontournables Thrash Till Death et Bestial Invasion en guise de clôture. Deux bombes, histoire de bien se « détruire » les cervicales et de terminer la bataille en beauté. Je suis encore une fois décoiffée, conquise, lessivée… TUERIE !
Les allemands viendront serrer la pince des fans postés au premier rang avant de nous quitter, définitivement (…ou presque).

Merci à SPM pour ce plateau d’exception tout simplement EXCELLENT ! Et même si nous aurions souhaité que la foule soit plus nombreuse, ceux qui ont fait le déplacement ont su maintenir une belle ambiance durant toute la soirée, en compagnie des quatre groupes. Merci donc à Nervosa, Enforcer, Flotsam and Jetsam ainsi que Destruction de nous avoir régalés avec des prestations de qualité remarquable. Un grand merci à eux également pour leur disponibilité, leur simplicité et leur gentillesse.
Sans doute l’une des plus belles soirées de l’année, où thrash et convivialité étaient à l’honneur.

Les absents ont toujours tort, et comme diraient certains … Thrash Till Death… !

Auteure: Fanny Dudognon

Archives photo: Fanny Dudognon – Summer Breeze 2015