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4 Juillet 2015 – On ne sait jamais trop par où commencer lorsqu’on parle de Death Grips. En quatre ans, le groupe de hip-hop expérimental s’est mérité un statut mythique avec six albums, une acclamation globale des critiques et une imagerie sombre et cryptique qui leur est propre. Oh, j’allais presque oublier les dizaines de concerts annulés, les émeutes que ça a causées, leur sortie d’album allant à l’encontre des volontés de leur label, et la pochette… controversée du même album (je vous laisse googler ça).

Avec tout ça, c’est une foule très impatiente qui attends que le trio californien se présente sur la scène. Foule qui ne pourrait être plus bruyante lorsque les trois anarchistes s’installent à leurs postes respectifs; Zach Hill à la batterie, Flatlander au clavier et bien sûr MC Ride au micro. S’en est presque surprenant de voir Flatlander couvrir les cris de la foule par un mur de bruit électronique qui initie l’expérience à froid. Abrasif à souhait, comme on les connaît. S’ensuit sans attente le classique de leur premier album, Takyon, que le groupe enchaîne, sans pause, par Come Up and Get Me et Inanimate Sensation. Le ton est déjà donné : pas de temps d’arrêt ce soir et aucun album de leur discographie n’est laissé de côté. Des pistes écourtées de leur album instrumental Fashion Week sont même utilisées en guise d’interlude entre certains morceaux. Le tout derrière un éclairage complètement rouge, mettant MC Ride en contre-jour et perpétuant son image mystérieuse (mais décevant ceux qui auraient voulu lui voir la face), qui restera tout le long de la soirée.

Alors que j’écoute ces chansons que j’ai entendues des dizaines et dizaines de fois, je ne peux m’empêcher de les trouvées différentes à l’habitude. C’est normal; ici, Flatlander et Zach Hill improvisent de façon déchaînée sur leurs instruments respectifs par-dessus les chansons, ajoutant une dimension très live, imprévisible, voir volatile à leur performance. Certaines pistes électroniques sonnent plus acoustique et vice-versa. Tout ce qu’on entend est donc une version exclusive des morceaux préférés de la foule. L’énergie insatiable qui découle de tout cela se dégage dans toute la salle. Le groupe incarne leurs chansons et la violence, l’agressivité de celles-ci. Lorsque Hacker embarque, on a même droit à une atmosphère dansante, sans toutefois briser l’ambiance générale du concert. Ride soutient bien cela par ses mouvements de bassins qui nous font hésiter entre le rire et la peur. La présence du vocaliste sur la scène est unique en son genre. Sa posture et ses mouvements lui donnent un aspect monstrueux et mystifiant. En gros, le groupe ordonne ce qu’il veut à la foule, qui obéit volontiers. Ça saute aux yeux à la fin de la soirée, durant leur performance d’Anne Bonny : le changement de tempo brusque au milieu de la chanson est accueilli avec joie par la foule qui reste en haleine pendant l’heure et demi du spectacle, qui finit avec un «thank you» de la part d’MC Ride. Ces deux mots auront été la seule interaction verbale avec la foule, ce qui est peut-être la seule chose qui manquait pour que le passage du maintenant légendaire trio soit parfait sur toute la ligne. Ça et un rappel…

Auteur & Photographe : Louis Desautels