Crowbar

14 Mai 2016 – Nous nous rendons au Saint des Seins où les membres de l’asso Noiser nous attendent. Les gars nous ont préparé une belle soirée, une immersion au cœur du sludge made in New Orleans. Si les Melvins en sont les pionniers, un autre groupe est aujourd’hui connu pour être l’une des influences majeures du genre, il s’agit bien entendu de Crowbar. Papa Kirk et ses confrères sont de retour dans la Ville Rose, deux ans après leur passage à la Dynamo pour notre plus grand bonheur.

Ce sont les locaux de MuffDiver qui ont la lourde tâche d’ouvrir les hostilités. La formation est toute jeune (2015) et se compose d’anciens membres de Black Hills, Emia et Whisper Crest ; de Fanch au chant, Marc et Manu aux guitares, Pierre à la basse et Tommy à la batterie. Le quintet se met en place, les garçons sont stressés mais heureux d’être ici et c’est plein d’enthousiasme qu’ils démarrent le set. Petit incident technique, une corde de guitare se casse dès le premier morceau ! Le chanteur nous sort quelques blagounettes, histoire de nous occuper le temps de réparer tout ça, et hop, c’est reparti. Nous découvrons en live le southern rock / stoner bien cool de MuffDiver. Les compositions, certes pas novatrices sont néanmoins bien ficelées. La sauce prend vite malgré un son imparfait, le public semble apprécier, en tout cas moi j’accroche vraiment. Une belle énergie se dégage de la scène, les rythmiques sont entraînantes, les riffs sont tantôt lourds tantôt mélodiques, clairement efficaces et j’aime beaucoup la voix de Fanch. Leur reprise d’Orange Goblin ravit les fans du genre. Très chouette pour une deuxième prestation, c’est un peu timide mais prometteur. Bravo les gars !

Changement de plateau, l’occasion de boire une petite bière entre potes avant de retrouver Crowbar. Comme à son habitude, le sympathique chanteur/guitariste Kirk Windstein s’amène en mode “relax” et s’installe tranquillement aux côtés de ses trois compères : Matthew Brunson (guitare), Jeff Golden (basse) et Tommy Buckley (batterie).
Le bar est bien rempli, c’est parti pour une virée dans les méandres du Mississippi. 21h10, comme à l’accoutumée, Kirk annonce “We are fucking Crowbar from New Orleans…”, puis Tommy assène les premiers coups de caisse claire, le quatuor nous balance d’entrée de jeu la puissante Conquering suivie de High Rate Extinction. Le son épais, bien velu s’infiltre dans vos oreilles, les gémissements rauques du vocaliste vous prennent aux tripes. Instinctivement, portées par la rythmique lancinante et prégnante des morceaux, les têtes remuent d’avant en arrière.
Le sludge de Crowbar est un savoureux mélange de stoner et de doom qui vous plonge dans une atmosphère vaporeuse et hypnotique nonobstant une violence certaine. Les compositions sont ultra puissantes avec des riffs heavy à souhait, les passages lents contrastent à merveille avec les parties rapides très punk hardcore. New Dawn, Burn your world, To Built a mountain, The cemetery Angel… la setlist est extra et le réglage sonore est optimal ce qui nous permet de vraiment “kiffer” le show, merci les mecs.
L’ambiance dans le bar est très très bonne ! Le charismatique Kirk a beau beugler sur fond musical bien gras et agressif, il nous gratifiera de son sourire durant tout le concert. Le gros barbu est un vrai nounours, son regard attendri devant les deux minis metalheads scotchés à leurs parents n’est pas feint. Il les fera d’ailleurs venir sur scène plusieurs fois, trop mignon !
Crowbar nous servira également sa reprise de No Quarter de Led Zep, à la fois troublante et efficiente. Encore quelques titres pour se délecter de la frappe robuste de Tommy, des vrombissements massifs de la basse de Jeff et des riffs dévastateurs balancés par Matthew et Kirk. Le set touche déjà à sa fin avec Existence is Punishment.
En 2014 j’avais été déçue par le son très bof à la Dynamo, je n’étais pas rentrée totalement dans le show alors que ce soir je ressors du Saint des Seins totalement conquise ! Crowbar nous a envoyé du lourd (et c’est peu de le dire), avec un set trop court mais ô combien excellent qui a mis tout le monde d’accord.

Merci à Noiser pour cette superbe soirée, ainsi qu’à MuffDiver et Crowbar pour leurs prestations. Saluons le “grand” Kirk Windstein qui, malgré son talent et sa notoriété (Down, Crowbar, Kingdom of Sorrow…) fait preuve d’une gentillesse, d’une générosité et d’une simplicité incroyables. Une belle leçon de musique et d’humilité…

Auteure : Fanny Dudognon

Photographe : Antony Chardon