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D’un emballage sobre et bleuté, on ne sait si Shuffle compte nous emmener vers l’azur ou les abysses. Mélodies tantôt aériennes (Tomorrow’s Relic) tantôt aux rythmiques percussives (Schizophrenic Maze), c’est le cul entre deux chaises qu’on se demande bien vers quels horizons les gars du Mans comptent nous emmener tout au long de leur opus.

L’instrumental se détache principalement de cet album. Faisant la part belle au duo batterie et basse (cette dernière est mise en avant et écrase les autres instruments), on oscille entre les genres pouvant même changer en cours de route au sein du même titre. Les compositions sont travaillées et très propres, peut être un peu trop sur certains aspects. On sent qu’ils ne se laissent aucune marge d’erreur. La guitare est mise au second plan, au même rang que les keybords qui servent d’assaisonnements aux moutures. Ces deux instruments  ne se démarquent que pour un baroud d’honneur (With Drawal et Better For Both). La chant quant à lui est problématique. La question de la qualité ne se pose pas car elle est à l’image de l’instrumental : carrée. C’est surtout un problème d’identité qui se pose. Dès la première écoute, et cela demeura après quelques autres, on a l’impression d’écouter la voix de Brandon Boyd d’Incubus dont certains morceaux (No time, Is It Real ?, Crazy, par exemple) semblent directement sortis des albums Enjoy Incubus et Morning wiew, à l’apogée du groupe. C’est extrêmement dérangeant et gâche un peu l’écoute ; du moins pour ceux qui connaissent le groupe. Il y a une différence entre l’inspiration et le “copier/coller”.

Deux titres se démarquent cependant. Schizophrenic Maze tout d’abord, qui propose une approche plus Progressive Rock aux allures de Porcupine Tree (sans toutefois égaler la qualité de composition de ce groupe mythique) ou la version Metal avec des percussions qui tambourine à la manière de TOOL. C’est un titre ou l’on sent la volonté d’expérimenter, comme un enfant avec la boite du « Parfait petit chimiste ». Des sonorités orientales sur les chorus homme/femme se font également entendre. Ça intrigue mais tout ça dans un seul titre c’est très court. Crazy maintenant. Ce morceau tranche avec le reste de l’opus avec une tentative de « metalisation », toujours de la part du duo basse/batterie accompagnés d’un chant plus aérien que jamais et qui se termine avec un léger scream en fin de titre.

Adolescent. Voilà l’adjectif que j’attribuerai à Upon the Hill de Shuffle. Comme des ados, ils tentent des choses et expérimentent. Généreux, ils fourmillent d’idées souvent très bonnes, mais ils ne  prennent jamais vraiment le temps de les approfondir. Comme des ados, ils sont à la recherche d’une identité qui leur serait propre. Ceci est d’autant plus vrai pour le chant qui est au stade de l’imitation de son chanteur préféré devant son miroir. On l’a tous fait.

J’attends donc, non sans ferveur, leur prochaine mouture. Deux options se présentent : Soit ils se trouvent et produisent des compositions qui peuvent nous éblouir, et ils le peuvent, soit ils restent quelconque et font du “sur place” à l’instar des pas de danse dont le nom leur est éponyme…

https://www.youtube.com/watch?v=AZ4wtY0qdAo

Note: 6.5/10 – A la fois intéressant et frustrant, c’est dans la suite que Shuffle montreront ce dont ils sont vraiment capables.

Auteur: Pierre Falba