Chinese Man

Jeudi 20 Avril – Si la soirée s’annonçait furieuse, elle a tenu toutes ses promesses. Déjà hier, les deux groupes complices du label “Chinese Man Records” avaient mis le feu dans la même salle ; ils ont renouvelé le show le temps d’un second live. Retour sur le concert de The Scratch Bandits Crew et de Chinese Man au Bikini.

Une table, quelques machines, une scène plongée dans un bleu profond ; voilà les seuls éléments mis en oeuvre ce soir au début du DJ Set. En plus, on commence à être habitué aux lives electro qui bloquent souvent les artistes dans l’immobilité de derrière les platines : ce sera encore le cas pour cette première partie. Et pourtant, dès les premiers morceaux, on ressent une énergie qui, décidément, est une marque de fabrique dans ce label (comme en témoignait déjà Deluxe au Zénith il y a quelques semaines ). Ce qui plaît avant tout chez les Scratch Bandits, c’est leur capacité à s’adapter parfaitement à des instrus assez variées. On passe ainsi du sample de Darjeeling de Fakear à la reprise des Barbatuques, dont la chanson Baiana avait déjà été samplée par Clozee dans son mix. Même sur des classiques du rap US, les deux DJs (puisqu’il s’agit désormais d’un duo) s’en sortent à merveille, avec une technique assez remarquable. Les morceaux s’enchaînent sans perte de dynamisme, pour le plus grand plaisir d’une salle qui commence à être chauffée à bloc. On regrettera juste, de fait, le manque de décors et constructions scéniques même si les deux artistes sont de véritables piles électriques, ce qui rattrape un peu. Venant présenter le début d’une série d’EP, “Tangram Series“, ils ne pouvaient musicalement mieux faire. En somme, deux bons DJs, des platines, de bons samples, une énergie à revendre : on se croirait presque à une soirée DMC.  Et elle ne fait que commencer. D’entrée, on observe en fond de scène un décor assez imposant : on va très vite comprendre son utilité.

Le changement de scène est radical, et l’on passe d’une scène fermée et épurée à un mastodonte prenant la quasi-totalité de l’espace. Il est lui-même super-éclairé et entouré de lanternes chinoises, le tout devant un immense écran. On sent déjà que ça va être la folie, surtout s’il on ajoute à cela deux énormes caissons de basses en devant de scène, chacune faisant la taille d’un homme. Bref, on sait à quoi s’attendre.

Après une intro scénique impeccable, et la découverte d’une des très nombreuses séquences filmiques qui serviront de décor tout le long du live, les DJs Zé Mateo, High Ku et Sly apparaissent, suivis quelques morceaux plus tard de 3 rappeurs aux flows impressionnants et pour cause : Youthstar et les deux rappeurs d’ASM (A State of Mind) sont venus poser leurs textes pour la soirée. Ils avaient déjà contribué chacun au dernier album de Chinese Man, Shikantaza (2017), sur The New Crown et sur Blah! qui a enflammé le Bikini ce soir. C’est donc sans surprise que le début du set sonne hip-hop, ça serait bête de se priver de la classe à l’américaine des trois MC. Pourtant, notons qu’ils n’étaient pas non plus omniprésents et qu’ils laissaient régulièrement la place aux 3 DJs qui ont fait une super performance de leur côté, y compris sur la seconde partie du set qui, globalement, s’approchait plus du roots/dub mais conservant cette énergie folle. Un show complet, avec en prime une belle idée scénique supplémentaire puisqu’un cameraman installé dans le pit retransmettait en direct ses images sur l’écran scénique, avec un semblant de montage qui convenait à la perfection.

Encore une bonne découverte en première partie de fait avec les Scratch Bandits Crew, pour une grosse claque avec Chinese Man. Le mélange Hip-Hop-Electro a fait trembler toute la salle jusqu’au balcon, non pas une mais deux fois puisque les deux soirs du Bikini étaient annoncés “Complet”. Et l’on comprend facilement pourquoi. A noter aussi la bonne qualité sonore de la salle : un show pareil méritait au moins cela.

Auteur : David Vacher

Photographe : Antony Chardon