14 novembre 2017 – C’est une bonne claque musicale que nous avons reçu mardi dernier à la Salle Nougaro. Le chanteur, compositeur, harmoniciste Charles Pasi nous a livré une performance impressionnante, tant vocale qu’instrumentale, à la croisée des genres entre blues, soul, pop et même rock. Un set d’une grande qualité, largement supporté par le talent de ses quatre musiciens qui l’accompagnent sur la tournée de son quatrième album Bricks, sorti le 29 septembre.

S’il a déjà foulé les scènes toulousaines en se produisant dans le cadre de premières parties, notamment au Bikini en 2010 et 2014 et plus récemment en accompagnant nul autre que la légende Neil Young, sur sa tournée des Zéniths, c’est la première fois qu’il prend le devant de la scène. Et avec quel brio! Si l’on pouvait avoir quelques réserves concernant l’harmonica, Charles Pasi nous a fait réaliser un 180 degrés en 90 minutes. Cet instrument atypique restait dans notre esprit l’apanage du cowboy du Far-West, on a tous en tête la chanson mythique L’homme à l’harmonica composée par Ennio Morricone pour le film Il était une fois dans l’Ouest. Mais que nenni, Charles Pasi manie l’harmonica avec une coolitude absolue et produit des sons et des rythmes aussi électrisants qu’un gros riff de guitare électrique bien saturé. Entre ses mains virtuoses, cet objet anodin prend vie et se transforme en redoutable boîte à rythmes et à frissons. Sur Too Many Friends, extrait de son troisième album Sometimes Awake (2014), l’artiste alterne chant et harmonica avec une telle aisance et rapidité qu’on a parfois l’impression de voir un beatboxer à l’oeuvre, superposant des samples. De sa voix, justement parlons-en. Elle nous enveloppe et nous réchauffe de son timbre suave, sensuel, avec une délicieuse note soul. Il a certainement réussi à charmer la Salle Nougaro, un peu sur la réserve au départ. On est bien loin d’un concert où les chansons défilent sans variation aucune avec la version studio.

Sur scène l’alchimie entre les musiciens est palpable. Entre improvisation jazz et solos endiablés, ses musicos et lui enflamment la salle. Charles, loin d’occuper tout l’espace, leur laisse justement un espace d’expression, il quitte la scène le temps d’une chanson -interprétée par son guitariste- et les impros s’enchaînent, dans la plus pure tradition Jazz. Mention particulière au claviériste qui se lance dans une solo déchaîné sur un classique jazz : Love me or Leave me –repris notamment par Nina Simone– qui lui vaut l’ovation du public. On ressent leur plaisir de jouer et ils nous régalent de leur talent et de leur bonne humeur.

Charles, n’est pas farouche d’explications et d’anecdotes qu’il raconte avec humour. Et les spectateurs, conquis, se prennent au jeu et en redemandent toujours plus. Deux rappels et une standing ovation plus tard, le concert se termine. Les spectateurs sortent avec un grand sourire aux lèvres. Ce fût un beau moment de jazz et de partage qui nous a fait vibrer. Un seul regret: être assis. Avec des rythmes aussi entraînants et des artistes plutôt pêchus, on avait de réelles fourmis dans les jambes. Nombreux étaient les spectateurs qui opinaient du chef frénétiquement, bloqués sur leur siège. La prochaine fois, on espère pouvoir donner libre cours à nos moves.

Auteure : Laurence Etilé

Crédit photo : Charles Pasi