Category: Entrevue

En Entrevue: Sion Daus & Schimaera (Neige et Noirceur)

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« Le folklore de mon pays
C’est le sang de ma vie
La culture d’hommes forts et fiers
Venu de l’Ancienne France austère
O ancien et honorable folklore québécois… »
(Tiré de l’album La Seigneurie des Loups, Sepulchral Productions 2010)

C’est par les cris lugubres de La Seigneurie des Loups que j’ai découvert Neige et Noirceur la première fois. Bien qu’ancré dans le Metal Noir Québécois en étant sous l’égide de Sepulchral Productions, le groupe s’éloigne un peu des ténors du genre en empruntant le sentier tortueux du Black ambiant. Toutefois, celui qui répondait au nom de Spiritus et chantait la gloire des pionniers québécois a laissé de côté la ceinture fléchée pour le casque à pointe sur ce nouvel opus Les Ténèbres Modernes.

Pour cet album là il se nomme Sion Daus, il est le principal compositeur de la musique de Neige et Noirceur et il a choisi sur cet album d’allier ses forces avec celles de Schimaera pour le chant (les amateurs retrouveront en lui l’homme derrière le projet noise Bête Lumineuse). Rencontre dans l’ombre d’un bar montréalais.

Thorium – Les thèmes abordés par le groupe dans le passé sont ceux chers aux groupes de Metal Noir Québécois comme l’histoire du Québec, l’omniprésence du froid et de la neige. Ce nouvel opus se pose en rupture totale et traite de la première guerre mondiale. Pour quelle raison? Une autre forme de noirceur?

Sion Daus – C’est plus une question de hasard et de littérature, selon mon intérêt et mes lectures du moment. J’ai découvert la première guerre mondiale comme je ne l’avais jamais vue auparavant et je lui trouvais un coté mécanique avec quelque chose qui s’est passé à ce moment là qui n’était jamais arrivé dans l’humanité. Certains historiens disent que l’ère moderne n’est pas arrivée en 1900 mais en 1914 avec la première guerre mondiale. Tout le coté machinerie et industriel que l’on vit présentement est arrivé à ce moment là. C’est ce coté gris, électrique et mécanique qui a hanté mes pensées. En composant la musique en réalité je n’avais pas ce but là, j’avais beaucoup de matériel d’écrit mais tout s’est enchainé et a fait que les pièces qui sont apparues dans mes mains étaient propices à pousser ce sujet là.

T – Pour la recherche de la thématique est ce toi qui a tout géré ou bien était ce le fruit d’une réflexion mutuelle avec Schimaera ?

SD – La thématique c’est moi qui l’aie développée. Schimaera est venu m’aider lors de l’enregistrement et surtout m’a apporté des sons incroyables de coups, comme des coups de canon, des effets de réverbération… il est venu chez moi et on faisait des « séances de bruit » avec des explorations sonores qui étaient complètement appropriées à la musique, au black metal que je faisais. J’aime à dire qu’on a est allé chercher des sonorité que l’on pourrait rapprocher à du Slayer enregistré en 1920 : la voix n’a pas de reverb, la guitare non plus mais la batterie reste très mécanique. Tout ça avec du keyboard, j’ai toujours eu le même vieux keyboard depuis mes débuts (un Roland Juno 1983, pour les amateurs éclairés – ndlr). Toute l’essence de Neige et Noirceur est contenue dans ce clavier là ! Tout l’aspect drone et noise c’est Schimaera qui l’apporte en plus des vocaux. Moi j’ai de la difficulté à être constant et je trouve que c’est du travail. J’ai plaisir à le faire mais je n’arrive pas à être rigoureux envers moi-même et Schimaera arrivait avec une vision complètement extérieure, concise et définie. Ça donne un résultat parfait ! Tous les prochains albums seront fait avec sa voix d’ailleurs.

T – Votre futur à tous les deux est donc bien défini mais qu’en est il de votre passé ? y avait il eu d’autres collaborations ?

Schimaera – J’avais déjà fait une session pour Crépuscule hivernal sans fin sur les terres de la guerre, une pièce épique de 20min. Après ça il y a une scission mais je lui envoyais régulièrement des sons que je créais, des ajouts électroniques pour faire des textures. Tout ça sans compter nos plus récentes explorations sonores.

SD – Il y a quelques années on a sorti un split avec son autre projet Bête Lumineuse.

S – Oui un rapprochement Bete Lumineuse et Neige et Noirceur qui était sorti sur les Productions Hérétiques (le label de Monarque à Québec – ndlr), limité à 50 copies, probablement notre sortie la plus rare [rires]. D’ailleurs sur ce projet j’avais enregistré quelque chose d’assez typique de Bête Lumineuse mais Sion Daus avait vraiment créé une fracture avec la musique de Neige et Noirceur : des percussions, des ambiances de clavier… Un son que je pourrais qualifier de barbare d’une certaine façon, dans le sens primitif. Cette sortie a été vraiment le début d’une collaboration plus étroite.

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T –Neige et Noirceur a habitué ses auditeurs à une musique ambiante où l’atmosphère était essentielle avec des morceaux assez longs. Sur ce nouvel opus en revanche on ne dépasse pas les 6min, un nouveau moyen d’expression?

SD – C’est vraiment un choix délibéré ! Pour cet album les pièces étaient très bonnes courtes. Avec le temps j’écoute beaucoup de rock et d’autres musiques et j’ai remarqué que les albums longs en rock étaient souvent ennuyants : trop de morceaux, trop de B-side sans intérêt. Je trouvais ça intéressant pour une fois de faire un album court, qui va droit au but et qui arrête avant de s’éterniser. Pour le concept de la première guerre mondiale je trouvais que c’était l’idéal.

T – Le son semble beaucoup plus cru et froid sur ce nouvel opus, peux tu en dire plus sur l’enregistrement?

SD – C’est en ligne droite avec la thématique. J’ai voulu qu’il y ait peu d’effets comme il n’y en aurait pas eu si ça avait été enregistré à cette époque là. Les voix restent froides, très près de l’auditeur, tout comme les guitares. C’était vraiment le but recherché.

T – Le parcours de Neige et Noirceur passe par de nombreux chemins: des débuts très ambiants au Black Metal sombre des Hymnes de la Montagne Noire pour finir avec les touches noise de ce dernier opus. Qu’est ce qui se cache derrière ce florilège de genres?

SD – Ce n’est pas dans ma nature de faire des choses génériques, même si je le voulais je pense que je n’en serais pas capable. C’est un one-man band donc tout vient avec les influences du moment et j’ai toujours de nouvelles idées. Certaines personnes aurait peut être même changé de projet, de nom de groupe pour chaque album mais moi c’est le contraire je préfère avoir le même nom pour tous mes projets parce que c’est moi-même finalement.

T – Justement je suis surpris que tu parles de garder le même nom. Quand je regarde les crédits dans la discographie de Neige et Noirceur je vois Zifond, Spiritus, Sion Daus, alors schizophrénie ou bien recherché par la NSA?  

SD – Le nom du personnage ce n’est pas important, c’est le nom du groupe que tout le monde voit.

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T – J’aimerais revenir sur la pochette de l’album. La symbolique est très forte. Pourrais tu nous en dire plus?

SD – Les deux mediums en avant symbolisent le spiritisme très fort juste avant la première guerre mondiale, un culte des ténèbres à un certain point que des familles entières, des gens normaux en appelaient aux esprits d’une manière insensée. Juste derrière eux on retrouve le robot dans Metropolis (film culte de Fritz Lang sorti en 1926 – ndlr) qui corrompt les gens. Le fond ce sont les canons et l’armée française bénie par le prêtre avant de s’en aller droit à la mort par milliers d’où la bouche de l’enfer, aussi tirée du film Metropolis. Le collage décrivait bien mon propos, plus qu’une peinture que j’aurais pu faire avec de la neige et des arbres…

T – Finalement on parle de première guerre mondiale en restant dans les thèmes chers à N&N : le spirituel et les symboles ?

SD – Totalement !

T – Schimaera tu es connu sur la scène également pour tes illustrations d’album, as tu été impliqué pour celle ci ?

S – Pas celle ci non, Sion Daus a tout réalisé lui même. Pour Neige et Noirceur j’ai réalisé le fourreau de Gouffres Oniriques et le split avec Monarque par exemple. Je suis souvent occupé et n’ai pas toujours l’occasion même si ce serait avec plaisir (Schimaera a réalisé notamment les artwork de Portal, Phobocosm, Gevurah pour ne citer qu’eux – ndlr).

T – Pour clore l’entrevue, un dernier mot ?

SD – J’espère que le disque sera apprécié, je pense que la ligne directrice est définie sans ambiguïté. Je sors un peu des sentiers battus en faisant cet album et j’espère qu’il va marcher notamment outre mer. Au Québec, le groupe est lié à la scène Metal Noir et je pense que l’album va continuer de toucher cette scène en particulier. Pour le futur, j’ai déjà un album de prêt qui était même supposé sortir avant celui là, quelque chose de très différent. Et avis aux intéressés, j’aimerais sortir un split vinyle avec quelques morceaux de la session des Ténèbres Modernes !

Les Ténèbres Modernes sortiront le 23 juin, veille de la fête nationale du Québec bien sûr, via Sepulchral Productions. Pour suivre Neige et Noirceur c’est par ici.

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Texte & photographie : Thomas Mazerolles

Rencontre: The Hazytones

J’ai eu la chance de rencontrer un jeune groupe montréalais, The Hazytones, qui est à l’affiche du festival Anachronik cette année. Le trio présente un stoner rock très “dans ta face”, qu’ils décrivent comme ayant “un côté fuzz, un côté space et un côté grunge, avec des tendances mélodiques”.

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Avec leurs riffs et leurs refrains accrocheurs, ils amènent facilement l’auditeur dans leur univers psychédélique complètement déjanté. Ils font revivre l’esprit des années ’70 à travers des pièces inspirées et accrocheuses.  The Hazytones sont en train de travailler sur leur premier album chez ReelRoad Studios, qui appartiennent au guitariste Fred. Ce n’est pas parce qu’ils enregistrent de façon professionnelles qu’ils n’ont pas un côté plus garage: “On reste DIY parce que c’est facile d’accès, mais ça nous empêche pas de vouloir conquérir le monde!”1935077_1063162513721817_139882825636209077_n

Ils nous promettent pour ce premier opus de la musique qui déménage: “Notre but, c’est de prendre le son rock et de le pousser le plus loin possible!”Un de leurs buts avoués est de développer la scène stoner rock à Montréal, encore très jeune. Ils partagent d’ailleurs l’affiche de Anachronik avec leurs collègues stoner Blue Cheese et Prieur & Landry, qui s’établissent tranquillement comme piliers de la scène rock montréalaise.12814189_1063158697055532_5102409515209316570_n

Qu’est-ce que l’avenir réserve aux Hazytones? Ce n’est pas parce qu’ils mettent les touches finales sur un premier album qu’ils se reposent. “Déjà commencé à écrire des nouvelles chansons. On écrit encore, on est ben motivés, on part en tournée cet été!”

Bien que l’on aie pas de date pour la sortie de l’album, vous aurez la chance de les voir le 7 mai prochain au Club Soda, avec Les Marinellis et The Black Lips. En attendant, vous pouvez toujours écouter leur premier vidéoclip, réalisé chez Emery Street Studios!

Auteur – Phil Mandeville

Photos (c) Festival Anachronik

En entrevue : Heymoonshaker @ Toulouse

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29 mars 2016 – Avant leur montée sur scène Dave Crowe et Andy BaLcon, les deux très sympathiques membres de Heymoonshaker, nous ont reçu dans leur loge au Bikini. 

Aujourd’hui est sorti le clip de Feel Love, un clip magnifique tourné en Jordanie, pourquoi avoir choisi ce pays pour le tournage ?

Dave : Parce que le boss de notre label Dify Records aime la Jordanie et y part souvent en vacances. Lors de son dixième voyage et face à l’amour que dégage ce pays, il s’est dit que c’était l’endroit idéal pour le tournage de notre morceau et nous étions entièrement d’accord.

Depuis le début du mois de mars vous êtes en tournée en France, que pensez-vous du public français ?

Dave : C’est le meilleur du monde ! Enfin pour moi. Et pour toi Andy ?

Andy : Peut-être le Québec aussi, car ils sont très enthousiastes. Mais il y a une vraie connexion entre le public français et ce que nous proposons sur scène. A un tel niveau que nous pouvons explorer davantage de choses musicalement en live, donc oui la France est vraiment au-dessus et reste notre endroit favori pour les shows.

Dave : En France il y a plus de monde dans le public mais au Québec même s’ils sont moins nombreux ils sont très bruyants.

Andy : Oui, c’est leur côté américain.

Dave : Exactement. J’adore le mélange américain et français du Québec. Mais je réitère en France vous avez un bon public.

C’est votre affection pour la France qui vous a poussé à nommer votre album en français « Noir » et à l’enregistrer ici ?

Dave : Oui nous l’avons enregistré à Nîmes. Dans les terres du sud de la France, entouré du chant des cigales. En 10 jours nous avons enregistré l’album entièrement, ainsi que 10 clips vidéo. Beaucoup de travail pour 14 morceaux sur lesquels nous en avons retenu 12 pour l’album. L’enregistrement du clip de Take the reins s’est fait en une nuit, de 21h à 6h du matin, et à midi on enchainait avec l’enregistrement de l’album. Mais pour se remettre de ce rythme intensif nous avions la piscine près du studio !

Ce soir vous partagez la scène avec Guts, vous connaissez le beatmaker français ?

Andy : Hier soir sur Youtube, j’ai regardé ce qu’il faisait et c’est cool, de la “frenchy pop”.

Dave : C’est super pour nous de partager l’affiche avec lui, dans une si grande salle.

Avec quels autres artistes français avez-vous aimé partager la scène ?

Dave : A nos débuts nous avons partagé la scène avec Tryo et La Rue Kétanou à l’Olympia, c’était super.

Andy : Plus récemment avec No Money Kids. Nous avons même fait un boeuf avec eux. C’est de la pop mélangé au blues et au rock’n roll et le guitariste est excellent.

Dave : Oui, il est formidable.

Andy : Et aussi, nous avons joué avec Connie and Blyde, un duo de Montpellier. Ils ont fait notre première partie au Café de la Danse à Paris.

Et l’artiste français rêvé ?

Dave : Pour moi ce serait Stromae. C’est pas mon style normalement, mais j’ai écouté les morceaux de son dernier album et j’adore son mix entre poésie et musique pop. Mais je pense que Heymoonshaker en première partie de Stromae n’est pas réalisable, même si j’adorerai jouer devant un public de 60 000 personnes !

L’écriture du petit frère de “Noir” a t-elle déjà commencé ?

Dave : Les premières idées ont germé. Après avoir fait un total vide dans nos têtes, Andy a trouvé une nouvelle mélodie seulement 9 jours après l’enregistrement de Noir et à partir de là nous avons écrit. Mais attends notre album est sorti il y a tout juste 5 mois !

Pour revivre le concert qui a suivi, rendez-vous sur le live report.

Entrevue : Vanessa Eudeline

Photos : David Torres

En Entrevue : Anonymus – 27 ans de Metal !

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29 janvier 2016 – Il y a des hasards qui tombent bien. Comme par exemple se retrouver pour les 27 ans d’Anonymus jour pour jour à leur show en tête d’affiche à Sherbrooke. 27 années dédiées au metal, le tout saupoudré de bonne humeur et surtout de passion.

Juste avant de souffler ses bougies, c’est le batteur de la formation québécoise, Carlos Araya, qui s’est proposé de revenir sur les balbutiements du groupe en cette soirée à la saveur un peu spéciale.

Thorium – Alors nous voilà à votre premier concert de l’année et en plus de ça c’est l’anniversaire des 27 ans du groupe ?

Carlos Araya – Exactement ! 27 ans qui sont vraiment aujourd’hui, jour pour jour. Il y a 27 ans de ça, en 1989, on avait notre première pratique en tant que « band ». En fait avant on pratiquait, mais pas sur des vrais instruments. Moi je jouais sur des seaux, sur n’importe quoi, juste pour faire du bruit ! On était des tits culs, on voulait juste jouer, on avait envie de faire un groupe donc mon père m’a acheté une batterie la veille, le 28 janvier et le lendemain j’ai appelé mes amis « OK les gars, moi j’ai mon drum, amenez vos amplis et tout ! » et on a parti ça. C’est de là qu’on compte le premier jour du groupe. La journée où tout le monde avait son instrument et que c’est vraiment parti. Et là on a senti qu’on aimait ça…

T – Excellent ! Et est ce que vous avez prévu quelque chose de particulier pour le show de ce soir ?

CA – En fait oui, on a amené un petit gâteau pis on va mettre une petite chandelle dessus (rires) ! C’était pas planifié qu’on joue aujourd’hui exactement pour notre fête, c’est juste un hasard dont on s’est rendu compte en début de semaine. Fait qu’on s’est dit qu’on allait l’annoncer, ça peut juste donner un petit quelque chose de plus à la soirée. On va essayer de souligner ça un peu, s’allumer une petite chandelle et prendre une photo avec la foule. Dans le fond, ça anime un peu le public et d’ailleurs depuis tantôt le monde n’arrête pas de nous souhaiter bonne fête, c’est vraiment cool ! ça donne un petit côté, comment dire… pas vraiment marketing, mais ça créé un buzz en tout cas. Fait que c’est cool et c’est fun pour nous.

T – Rapport à ce contact avec le public d’ailleurs, ça fait toujours plaisir de voir un groupe de tête d’affiche qui est là en personne pour vendre son merch

CA – Ça on a toujours ainsi ! Le monde est toujours surpris, c’est drôle mais pour nous on aime ça car ça nous donne énormément d’énergie d’être là, les gens qui viennent nous parler, nous serrer la main, pour moi ça fait parti du spectacle d’être là. Ça me donne vraiment l’adrénaline pour après ça embarquer sur la batterie. Tu rencontres le monde et puis ils sont contents de te parler et qui de mieux pour vendre son merch que nous ? C’est nous qui les faisons et qui nous nous occupons de tout donc je vais pas engager quelqu’un et lui dire « dit ci, dit ça ». C’est nous qui faisons tout et on est à l’aise comme ça. C’est une manière de fonctionner, on a chacun nos tâches dans le groupe. Par exemple quand on s’installe, le bassiste installe le stand de merch pendant que nous on installe le stage. Pis après quand on est prêts, Oscar et moi on est là au merch, on parle aux gens, on sert les mains, on a du fun c’est cool ! Au lieu d’engager des filles aux gros tétons ba c’est que nous autres (rires). C’est peut être moins vendeur, je sais pas, on devrait faire le test !

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T – Un groupe très soudé alors, avec du monde qui se connaît depuis longtemps j’imagine ?

CA – Oui on vient tous du quartier Saint Michel et aussi Saint Léonard (Montréal – ndlr), c’est de là que tout est parti. On s’est connu depuis le primaire, on allait à la même école et puis on s’est suivi au secondaire, on s’est connu toute notre vie finalement. Moi je suis le dernier arrivé dans la gang dans le sens où moi je suis un immigrant, je suis arrivé ici à l’âge de 7 ans et demi et donc je les ai connu un an ou deux après. Les jumeaux et le guitariste se connaissaient déjà depuis la maternelle donc je suis le dernier si on veut. On a grandit ensemble, on a joué aux G. I. Joe, on faisait beaucoup de sport ensemble pis quand on a commencé à écouter de la musique le metal nous a accroché et c’est de là que le groupe est parti.

T – Et après toutes ces années il y a un nouvel album qui est sorti récemment si je ne me trompe pas ?

CA – Exactement on a sorti ça au mois d’aout. Notre 7eme album juste en tant qu’Anonymus, vu qu’on en a deux autres avec Mononc’ Serge. Ça va super bien de ce côté là, on est super content, les critiques sont très bonnes et les fans adorent notre album. On est un peu revenus aux sources avec un album entièrement en français, comme notre tout premier album il y a une vingtaine d’années (Ni vu, ni connu – ndlr). Je pense que les fans ici au Québec sont vraiment contents de ça. On a eu une tournure un peu plus anglophone à la fin des années 90 et 2000 mais c’était plus pour essayer de percer à l’extérieur. On s’est vite rendu compte que pour nous le fait de chanter en français nous donnait une identité et en plus on est beaucoup plus à l’aise. En même temps ça nous permet de remercier les fans qui nous suivent depuis si longtemps.

T – Actuellement vous tournez pas mal, est ce qu’une sortie du Québec est prévue ?

CA – Dans le fond les plans c’est qu’en avril on va faire une tournée en France, Belgique et Suisse pour une dizaine de jours. A chaque album on y va mais là ça faisait longtemps qu’on n’y était pas allé donc c’est le moment. Après ça reste pas mal au Québec. On a fait longtemps des tournées canadiennes, honnêtement ça me manque. C’est difficile pour le corps parce qu’il y a beaucoup de route. Les villes dans l’ouest canadien ce sont des 10 ou 15h de route entre chaque donc des fois tu finis de jouer et tu pars tout de suite après le show. Peut être qu’on va en refaire mais pour l’instant ce n’est pas dans les plans. Pour le moment c’est Québec et Europe francophone.

T – Et justement est ce qu’il y a un bon retour sur le groupe à l’extérieur du Québec ?

CA – Oui tout à fait comme je disais on reçois souvent des messages de l’ouest canadien…

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T – J’avais plus en tête en Europe…

CA – Ah oui on a beaucoup de fans français, on en voit qui disent « on a hâte de vous voir Anonymus ». On y est allé beaucoup de fois aussi avec Mononc’ Serge donc le nom a quand même bien circulé et puis là on joue avec de bons groupes français comme Black Bomb A, L’esprit du Clan, le Bal des Enragés… des groupes qui attirent bien en France, ce qui nous a permis de faire des spectacles devant beaucoup de monde, ça permet d’accrocher le public. Mais c’est ça, on a hâte. Je pense que les gens là bas nous attendent, ça se ressent étant donné que ça fait plusieurs années que l’on n’y est pas allé.

T – C’est vrai que maintenant Mononc’ Serge est parti plus de son côté…

CA – Oui mais en fait, quand on a sorti notre premier album avec Mononc’ Serge en 2003, on a fait une tournée pendant 2 ans et après ça on est retourné chacun à nos projets respectifs. Et puis en 2008 on a décidé de revenir ensemble. Peut être que ce sera un peu la même chose mais pour l’instant nous on vient de sortir un album donc encore au moins 2 ans sur cet album et puis Serge sort aussi ses trucs à lui. On se parle souvent en tout cas. Pour l’instant ce n’est pas dans les plans mais aucune porte n’est fermée. Si on se décide peut être dans 3, 4 ou 6 ans, on ne sait pas encore. Si ça adonne pourquoi pas, c’était un projet qui nous a permis de faire énormément de shows et dans lequel on a eu énormément de plaisir. Des fois c’est aussi bien de mettre ces choses là sur pause et de revenir à ton projet initial. On va voir en temps et lieu !

T – Il ne reste plus qu’à nous donner rendez vous dans 3 ans pour les 30 ans alors ?

CA – Oui tout à fait ! ça va venir plus vite qu’on le pense. Les 30 ans j’avoue que ça va être une autre grosse célébration. On voit souvent les anniversaires de groupes qui passent mais eux des fois se sont séparés pendant 10 ans et finalement ils reviennent après pour fêter leurs 30 ans mais nous on n’a jamais arrêté, ça a toujours été non-stop ! On a eu des hauts et des bas, on a connu toutes les montagnes russes possibles donc si on se rend à 30 ans… en tout cas c’est bien parti parce qu’on a aucune intention d’arrêter, quand on sera rendu là on essaiera de fêter ça en grand en tout cas !

T – Parfait ! Un dernier petit mot à faire passer aux fans ?

CA – Le mot que je dirais ce serait merci d’encourager Anonymus ! Et venez nous encourager, déjà c’est difficile de faire du metal, mais on le fait pour les bonnes raisons, c’est parce qu’on aime ça et qu’on veut faire des shows. Alors venez nous encourager live !

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Texte : Traum

Photographe : Thomas Mazerolles

En entrevue: Kim & Fix (Lifelover, Kall, Hypothermia)

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Dans le cadre de ses nombreuses collaborations, Thorium Mag vous emmène en voyage aux 4 coins du monde, dans les langues de Shakespeare ou de Molière. Aujourd’hui retour sur la dernière prestation de Lifelover et regard sur le futur de Kall et Hypothermia.

It is interesting to find that sometimes people don’t realize they are witnessing an extraordinary performance while it is going on right in front of them. There is no time for thinking when you are mesmerized by what is going on the stage. For its fifth edition, Messe des Morts festival has offered its adepts to one of these extraordinary performances. I am talking about the last anniversary tour of Lifelover. Focusing on the end of such a great band would have been too harsh, therefore Sepulchral Productions has decided to show what has arisen from the ashes of Lifelover. It was obviously the best situation for Thorium to have a discussion with Kim (Lifelover, Hypothermia, Kall) and Fix (Lifelover, Kall) about all these fascinating projects.

 

ThoriumI had been speaking with Martin from Sepulchral Productions and he had informed me that a long time ago he had wanted to bring Lifelover to Canada.

Kim – We were on tour about 5 years ago or so. I did a tour with my other band Hypothermia and one of Martin’s signed bands on Sepulchral, Sombre Forêts. We did a gig with them in Germany and I met Martin there. We agreed on the 10 year anniversary, which was two years ago, that in two years from now we would come and do a show together. So now that finally happened and it was nice.

 

T – How did you feel about the show today?

Kim – We’re satisfied. I think it was a good ending to this year and the anniversary. Being able to do a celebration.

 

KrystalHow do you feel about having so many people coming from so far way to see the show?

Kim – We come from quite far away too, you know.

Fix – It is always like that when we play. There are always people coming from all around the world to see. We have only done a couple of shows.

Kim – Only four.

Fix – At the same time this is the last show and the anniversary. It felt very special because we never got the chance to come to America or South America, a thing that we had planned to do anyway.

Kim – It was nice to finish up on our old plans that we had in the past.

Fix – I don’t think everybody was aware this was our last show but I think everybody felt it was special.

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Fix with Kall

T – Some of you are playing in a lot of bands at the same time. Was it difficult to go from one mood to another?

Kim – Not at all because we are being ourselves all the time. It’s not about something else.

Fix – No a misconception I think.

Kim – It’s like if we have a problem to first opening the door to your apartment and then the door to your kitchen or bathroom. Same place different doors.

Fix – We are only ourselves. We have a mindset that is our own. We don’t change from one band to another. We might dress different but it is still the same mindset. We don’t think in terms of genres.

Kim – It is within us. It is not a big difference. What we do is way beyond anything that has to do with music.

Fix – At the same time, some of the Lifelover and Hypothermia material is older and you develop as a person but it is still you. You’re not supposed to change; you’re always going to be yourself.

Kim – You don’t change, you evolve.

 

T This question is more directed at Lifelover. Identity is a feeling that is very strong in Quebec. Some Black Metal bands lyrics are only in French. Livelover speaks in Swedish and English for some songs. Is it because you are able to express things more with one language over the other?

Kim – Regardless of what you do, you try to get the most out of it. If there is anything that creates a limit or a boundary on the goal you have, you get rid of it of course. Sometimes that can be a language. If we feel that English is the proper vehicle and tool for us to use, we use it and sometimes it’s Swedish. You wouldn’t try to cut down a tree with a hammer. If we were diverse in more languages, we would use them too. If we could have converted a whole set list to French to show some kind of solidarity, we would. We don’t speak every language so we use what comes natural to us.

Fix – We are probably going to have to make up our own language.

Kim – We are working on it.

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Kim with Lifelover

KrystalFrom the stage show performance you definitely have your own thing going on. It was an experience on another level.

Kim – That is one of the reasons we do what we do. It is far from a show, it’s a duty. It is something we have to do.

Fix – Also we feel it as a personal obligation to influence other people and talk to other people to get them to release their shackles a little bit. To be able to draw themselves out of the stereotype they feel the obligation to participate in. People dress the same as everybody else, they thing they are obliged to think like everybody else otherwise they will get shamed or punished for it in the long run. We want to influence people to think outside of that box.

 

T In my opinion Lifelover is one of the few bands that succeed in creating a deeply depressive universe. What is your state of mind when you’re writing Livelover songs?

Kim – It is a kind of euphoric, ecstatic, strong experience like a catalyst.

KrystalIs it a kind of astral projection of sorts?

Kim – No that is for my other bands. What comes to what used to be done is simple, I don’t touch an instrument if I don’t have a complete idea in my head. So, it can take a long time before I do something but when I am done with it, it is like a release.

 

T You were talking about another type of feeling for your other bands so what is that?

Kim – That’s meditation.

T With Hypothermia?

Kim – Yes, exactly. All that music is composed. I never touch an instrument until it is composed. When I am out walking in the woods, I get a transmission of sound. I hear melodies and I simply try to recreate them on various instruments and that becomes Hypothermia. We are channeling the essence of the woods, nature and things beyond it.

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Kim with Hypothermia

T Sadly this will be one of the last times we will speak to you as Lifelover.

Kim – We are not Lifelover, we are individuals.

TLet me correct then, one of the last times we will speak about Lifelover. Will you keep the same spirit and go on with Kall as a new opportunity to start something anew?

Kim – Well that is one of many reasons why we chose a different name. None of us knew each other before we played in this band. Then we got to know each other to a point where we felt that we had an obligation to continue what we had started together and take it to another level. We wanted to remove any boundaries that we felt we had in the past bands and experiences we had. To just do whatever we could to import Kall into not just a job or a hobby but a life style.

Fix – That is the thing for people who don’t speak Swedish, Kall has two meanings. Most people translate it into “cold”, which is true but it is also a “calling”. It is the same word for both. Some people could say it is a continuation of Lifelover but I would say it’s not. It was more of a new start. We started from scratch basically. We went back all the way to the bottom again. That has been the most rewarding. Like Kim said it’s very much a calling. We have felt an obligation to do this and it has been a lot of years working up to this point.

 

KrystalDo you find it was difficult to start over again or do you find it is more of a new beginning?

Kim – We are not starting over, it’s a continuation. When it comes to creativity and forming music, consider if Lifelover was the spark of that, Kall is the fucking fire.

Fix – It is every combined experience of our lives. Lifelover was one part of our lives, as much as Hypothermia has been a big part of Kim’s life. For me, Kall has been an accumulation of every experience and all the stuff we have created in the past. It’s going to be something new and it can never stagnate and stay the same, otherwise it could never be true at all. It is very important for us to stay real to ourselves, to be honest and to do what we feel like doing. We have no obligation to anybody but ourselves.

Kim – Except by doing what we do and being honest with ourselves, we are teaching other people, our supporters and devoted fans and so on to do that for themselves as well.

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Fix with Lifelover

Texte: Traum, Krystal Koffin

Photographe: Thomas Mazerolles

En entrevue: Nordet (Brume d’Automne)

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La Messe des Morts est souvent l’occasion pour le public nord américain de voir de grosses pointures européennes qui ont peu ou pas l’occasion de se rendre de ce côté de l’Atlantique. Mais Sepulchral Productions, le label qui se cache derrière l’organisation du festival, met toujours un point d’honneur à valoriser la scène québécoise.

Le Black Metal est un genre qui sait se faire discret, qui aime à rester dans l’ombre. Et c’est ainsi qu’en 2003, au sein d’une scène en totale mutation et encore marquée par des formations comme Frozen Shadows, que le Metal Noir Québécois vient au monde. Si l’appellation presque labellisée ne sera officielle que plus tard, c’est Brume d’Automne qui sort de l’ombre et vient entrainer dans son sillon une scène en passe de devenir une exception. C’est le début d’un voyage au cœur de l’histoire fière des québécois avec ce son si froid, car ici leur pays, c’est l’Hiver

Thorium – Brume d’Automne revient sur scène après 12 ans d’absence. C’est clairement un moment très attendu du public, quel est ton état d’esprit pour la rencontre à venir ?

Nordet – Je suis un peu stressé c’est sûr ! Les gens ici on les côtois. A tous les shows où je vais il y a des gens qui me reconnaissent, qui reconnaissent le groupe, viennent me serrer la main et me posent des questions « quand est-ce que tu vas faire un show ?». Pis je leur dis qu’à un moment donné dans un petit rêve lointain et qui existe plus ou moins ça viendra… Maintenant que le moment se présente c’est sûr que je suis enthousiaste au plus haut point !

T – Une prestation particulière est elle à prévoir pour ce soir ?

N – Pas vraiment, non. On va se présenter et on va jouer nos tounes, ça va être rentre dedans avec un set qui se veut agressif. On fait parti de la Messe des Morts, on ne joue pas à la cabane à sucre ! C’est sûr qu’on pourrait faire plusieurs thématiques si on jouait ailleurs avec d’autres groupes disons plus folkloriques ou Folk Metal, là on pourrait se prêter à ce genre de jeu. Là on fait parti de la Messe des Morts pis on va jouer des tounes qui vont avec la Messe des Morts !

T – La prestation d’aujourd’hui n’est pas complètement exclusive, il y a déjà eu une date à Montréal quelques semaines auparavant devant un public plus restreint. Cette date avait semblé mouvementé (changement de salle le jour même et pratiquement à la dernière heure – ndlr) et des rumeurs circulaient sur le fait que le discours de Brume d’Automne était la cause de ces problèmes. Info ou intox ?

N – C’est totalement faux. Les gens lancent ça parce qu’ils ont besoin de victimes à agresser donc ils vont trouver le premier bouc émissaire pour le prendre à parti. Et puis comme on a un discours qui pourrait s’apprêter à du « nationalisme », ils vont prendre ça au premier degré et se faire plaisir à essayer de venir nous tirer des roches. C’est eux qui nous font porter le chapeau et pas nous qui portons la bannière.

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T – Brume d’Automne s’inscrit dans la lignée des grands représentants du Metal Noir Québécois et en est même l’initiateur. Est ce que tu penses qu’il y ait une exception québécoise sur la scène Black Metal internationale ? Un « son québécois » ?

N – Si on peut se démarquer d’une certaine façon ? La langue et l’accent bien sûr même si les français font la même chose l’accent n’est pas le même, l’énergie non plus. Il y a un côté froid dans le son qui nous caractérise je dirais. Il peut se retrouver ailleurs mais je trouve qu’il n’y a que quelques groupes qui peuvent se démarquer de ce côté là.

T – La scène Metal d’une façon plus globale est très riche au Québec. Quel regard portes tu dessus ?

N – J’y porte un intérêt comme je porte un intérêt pour n’importe quelle nouveauté ou groupe peu importe l’endroit. Pas particulièrement au Québec. C’est sûr que j’ai plein d’amis qui font parti des groupes donc je vais être intéressé parce que je connais les personnes et je vais aller voir ce qu’ils font. Je peux parler de Triskèle par exemple, d’ailleurs on a un de leurs membres avec nous. Je peux parler aussi de Monarque et de plusieurs autres dont beaucoup sont là ce soir dans le public mais c’est sûr que j’ai un intérêt plus amical envers la scène parce qu’on se connaît presque tous, c’est ça qui est un peu particulier.

T – Rencontrez-vous beaucoup de difficultés à cause du discours du groupe ? Je repense par exemple au show de Forteresse (pour la première édition de la Messe des Morts, certains voulaient annuler le show à cause du discours prétendu « nationaliste » du groupe – ndlr) qui avait finalement eu lieu.

N – Oui au final le show avait eu lieu, en effet. Avant il y avait un équilibre avec les autres groupes qui s’opposaient à ces gens là, donc ils « s’entretuaient » entre eux. Et maintenant vu qu’ils n’ont plus d’opposants mis à part sur internet ils s’en prennent à certains groupes Metal. C’est sûr que le NSBM (National Socialist Black Metal, mouvance radicale du genre au discours d’extrême droite – ndlr) nuit à la scène. Certains groupes en Norvège le font depuis des années et ne se font pourtant pas passer pour des « NS ». Ici moindrement que tu revendiques un discours plus ou moins nationaliste, on devient des méchants nazis. Ca n’a aucun sens, on est loin d’être nazis ! Tout le monde travaille dans des endroits où on côtoie toutes sortes de nationalités et je n’ai aucun problème avec ça. Je comprends pas leur opposition Et puis ils ont beau essayer, moi je fais de la musique et j’ai du plaisir à le faire, c’est pas ça qui va m’empêcher de continuer ! J’ai à cœur ma culture et ça ne va à l’encontre d’aucune autre.

T – Il est vrai que souvent les gens font l’amalgame entre nazis et patriotes.

N – Oui c’est le cas. C’est une question de culture, même pas politique en fait c’est plus une question de folklore et de traditions. La tradition n’implique pas forcément des valeurs, on parle plus de contes, de fables comme les norvégiens ont leur panthéon de déités, les slaves sont nés dans un fond de fromage, les scandinaves dans le dessous de bras d’un géant et puis nous on a notre folklore aussi. C’est fun de le propager et puis ça n’a aucune signification vraiment politique reliée à la musique, pour nous en tout cas !

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T – Justement à parler de folklore, quels sont les contes ou les points de l’histoire du Québec que tu aimes en particulier ?

N – Les personnages historiques, autant les histoires malheureuses comme l’histoire de la Corriveau ou de Jos Montferrand, qui travaillait sur les chantiers et qui s’est opposé aux riches anglais qui lui barraient la route. Tous ces personnages qui ont marqué l’histoire mais pas nécessairement sur le plan politique mais plutôt pour les légendes. On parle de Jos Violon, c’est grâce à Satan que son violon continuait de jouer toute la nuit et en fait Jos le Violon c’était Lucifer lui même ! Il y a plein de contes reliés à Lucifer et au Bonhomme Sept-Heures, toutes sortes de contes, de personnages, de créatures. On a tout un patrimoine folklorique !

T – Si on s’aventure plus vers un discours patriotique, est ce que trouves que les valeurs du Québec que tu décris au travers des contes s’opposent à ce qu’on voit aujourd’hui ?

N – C’est pas notre but de parler de ces choses là, c’est plus de la culture en tant que telle et non pas aux valeurs et aux traditions et encore moins de la religion. C’est plus pour faire quelques clins d’œil et inventer nos propres contes.

T – Pour terminer notre discussion, il y a certains discours qui collent à la peau de genres musicaux. Ce serait bizarre de voir Satanic Warmaster parler d’histoires d’amour à l’eau de rose. Est ce que tu penses que le Black Metal c’est le genre musical idéal pour parler d’Histoire ?

N – Moi je trouve que ça rentre bien. Quand tu prends la musique traditionnelle du Québec, les histoires ne sont pas tout le temps roses. C’est souvent parlé en paraboles d’histoires de viol, de vieux cochons, de femmes battues et de choses comme ça. Donc dans la musique traditionnelle c’est pas rose même si on va chanter ça de manière poétique mais dans le Black Metal on peut intégrer ça dans le coté agressif. C’est un peu comme la frustration des passages noirs de notre Histoire qui peut ressortir.

T – Merci beaucoup pour cette discussion ! Le mot de la fin ?

N – Ca m’a fait un énorme plaisir d’avoir fait cette entrevue et puis on ne laissera pas mijoter encore sept ou huit ans avant de faire un autre album tu peux être sûr. A cette heure qu’on se présente sur scène ce ne sera pas la dernière !

Pour retrouver notre retour complet sur leur prestation à la Messe des Morts V, c’est par ici.

Thorium tient à remercier particulièrement Nordet et Brume d’Automne pour leur disponibilité pour réaliser cet article !

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Texte : Traum

Photographe : Thomas Mazerolles

En entrevue: Outre-Tombe (Akitsa)

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« Ma mémoire n’est qu’une succession d’images disparates sans trame de fond. Mon passé ne m’appartient plus. Il est celui d’un autre. Qui n’existe plus. Ou qui n’a jamais existé. Qu’importe… » (Extrait de Les Flots de l’Enfer)

Rencontrer l’Ame Noire d’Akitsa, c’est faire une plongée dans un monde désabusé et dénué de sens. Parler avec Outre-Tombe c’est montrer du doigt les idoles du passé devenues les pantins d’une société qui s’en va, comme ils le disent si bien, Vers la Mort.

A l’occasion du plus grand rassemblement Black Metal en Amérique du Nord, nous sommes donc allés faire le point sur le retour sur scène d’un spectre qui hante la scène québécoise depuis quinze ans déjà.

Thorium – Salutations Outre-Tombe,

Quelques quinze hivers se sont écoulés depuis les débuts d’Akitsa. Comment le groupe s’est-il construit? Quel état d’esprit mène à la création de cette haine froide qui a été le leitmotiv du groupe depuis ses débuts?

Outre-Tombe – Nous ne pouvons pas parler de construction en ce qui concerne l’avènement du groupe. Le terme serait très mal choisi pour expliquer ce qui a provoqué la naissance d’Akitsa. Cette naissance turbulente fut spontanée et instinctive. Notre premier démo témoigne de ce moment. Il dégage une atmosphère crue, déroutante et mystique. L’idée d’enregistrer du Black Metal mijotait préalablement dans nos esprits comme nous étions imprégnés par son aura maléfique depuis quelques années déjà. Il n’en demeure pas moins que l’enregistrement de ce démo fut une éruption chaotique d’idées hérétiques et de mélodies sulfuriques. À propos de notre état d’esprit de l’époque, celui qui a mené à la création d’Akitsa, nous étions totalement désillusionnés de la scène locale et de ses acteurs. Nous avions une vision différente et plus intense des souterrains cahoteux de la musique extrême. Mise à part quelques exceptions (je pourrais citer Myrkhaal et sa horde de l’époque; Frozen Shadows) les groupes locaux étaient tous à des années lumières de ce qui nous interpellait dans la scène underground internationale. Cette constante déception de nos coqueluches montréalaises a engendré notre son rude et notre concept intransigeant.

T – La scène Black Metal a considérablement évoluée depuis vos débuts et s’exporte bien en dehors des frontières du Québec. As tu vu une évolution depuis ces années noires que tu décris ? Te sens tu à ta place dans la scène actuelle ?

OT – Il y a clairement eu une évolution de la scène Black Metal au Québec depuis ces 15 dernières années. D’innombrables groupes ce sont greffés à cette scène, certains y sont toujours et d’autres ont déjà disparu. Il y a eu des moments très effervescents durant ces années, tout spécialement vers le milieu des années 2000 lorsque Sepulchral Productions est ressuscité des ses cendres. Je crois que Akitsa a sa place au sein de la scène Black Metal du Québec. Je n’éprouve aucun sentiment face à cette situation.

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T – Penses tu qu’il y ait une spécificité au son québécois? Que l’atmosphère, les traditions et le passé du Québec aient contribué à forger quelque chose d’unique, ou bien serait-ce un effet de mode passager? Et plus particulièrement, quelle relation entretient Akitsa avec cette origine québécoise?

OT – Si le Black Metal québécois a une spécificité sonore, je ne la connais pas. Je n’entends rien d’unique au son des groupes Black Metal qui proviennent de chez nous. La seule spécificité que j’arrive à reconnaître chez certains est au niveau du contenu lyrique et visuel. Comme vous le mentionnez dans votre question, les traditions et le passé du Québec font partie prenante des thèmes évoqués par une faction du Black Metal québécois. Ceci dit, ça ne fait pas du Black Metal québécois une exception du genre car bon nombre de groupes étrangers l’ont fait et le font toujours. Pour ce qui est de nous, nos origines québécoises ont toujours été mises de l’avant. Premièrement nous avons toujours écrit nos textes en français et, dans un deuxième temps, nos textes sont devenus de plus en plus chancelants et sans espoir, tel le Québec d’aujourd’hui.

T – Tu as dit tantôt que l’idée du Black Metal avait été mûrement réfléchie lors de la naissance du groupe. Peux tu nous en dire plus sur ton parcours musical et tes influences? Quels sont les groupes qui ont transformé ta vision de la noirceur?

OT – J’ai affirmé que nous étions imprégnés par l’aura du Black Metal précédemment à la naissance du groupe mais en aucun temps j’ai déclaré que c’était mûrement réfléchi. À l’époque de Totale Servitude, notre démo de 1999, j’avais quelques peu délaissé la scène Metal pour m’aventurer dans le Noise industriel et ses sous-genres connexes. La scène Black Metal était devenue fade et peu intéressante à cette époque. Quand le démo est paru j’ai renoué avec le Black Metal et j’ai découvert des cercles plus underground et intransigeants qui étaient toujours actifs. Autrement, les groupes qui ont transformé ma vision de la noirceur sont ceux-là même qui l’ont délaissé. Je pense à Old Man’s Child, Satyricon, Dimmu Borgir, Malignant Eternal et bien d’autres qui ont su exceller dans la déception. Ma vision de la noirceur s’est vue transformée par ces groupes qui l’ont incarnée auparavant. Tout ça pour devenir ce que eux-mêmes, à une certaine époque, méprisaient. La débandade de mes idoles de jeunesse est ce qui a transformé ma vision du Black Metal.

T – L’intransigeance est revenue plusieurs fois au long de ton discours et tu insistes sur une part des groupes phares du mouvement qui sont tombés dans le « piège » du son plus orienté grand public. A ton sens, le Black Metal doit-il rester réservé à une élite pour exister en tant que tel?

OT – Non, je ne crois pas. Il faut simplement en comprendre l’esprit pour bien l’écouter et bien l’exécuter.

T – Le travail sur la poésie des textes d’Akitsa et la musicalité des mots est très intéressant et je pense notamment au morceau « Les flots de l’enfer » où c’est particulièrement mis en avant mais également à « Grands Tyrans » que j’apprécie beaucoup et dont les textes sont même imprimés sur vos tshirts. Qui écrit ces textes et peux tu en dire plus sur le processus d’écriture vis à vis de la musique? Y a t il une histoire derrière « Grands Tyrans »?

OT – La majorité des textes du dernier album ont été écrits par Néant, un membre fondateur du groupe. Il a participé à plusieurs enregistrements au début de la carrière d’Akitsa et aujourd’hui il collabore principalement avec ses textes. Néant est un écrivain de grand talent et il ajoute clairement une touche raffinée à nos créations grâce à sa fine plume. Il y a certainement une histoire derrière « Grands tyrans ». Nos paroles sont presque toutes des métaphores sur des évènements ou des visions personnelles dont nous laissons l’auditeur en faire libre interprétation. De cette façon, l’auditeur peut interpréter le texte librement et s’approprier l’histoire pour en faire la sienne…

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T – Parlons un peu de la Messe des Morts. Akitsa fait un retour très attendu après de longues années d’absence au Québec. Impatient de retrouver la scène?

Tout vient à point à qui sait attendre.

T – La dimension live n’est pas toujours facile pour un groupe de Black Metal. Est-ce un aspect important pour Akitsa? Quelque chose qui fait partie intégrante de la démarche du groupe?

OT – Les concerts sont pour nous un défi que nous tentons d’accomplir au meilleur de nos capacités. Nous tentons de recréer sur scène l’atmosphère de nos enregistrements. Nos performances se veulent minimalistes, froides et crues. Nous concentrons toutes nos énergies à dégager cette haine qui habite la musique d’Akitsa et nous nous efforçons de créer une distance avec le public. Les concerts n’étaient pas importants au début du groupe. En fait, nous n’en faisions aucun. Les premiers concerts datent de 2008 lorsque nous avons fait la tournée avec Peste Noire. Le désir de jouer live s’est manifesté car nous nous sentions finalement prêts à projeter notre vision sur scène. J’imagine que, contrairement à nos débuts, le live fait aujourd’hui partie intégrante de notre démarche.

T – La majorité des groupes les plus extrêmes de Black Metal mettent un point d’honneur à développer toute la théâtralisation chère au genre: corpse paints, bracelets à clous etc… Akitsa au contraire a fait le choix de la sobriété et d’effacer tout contact avec le public. Y a t il une raison particulière?

OT – C’est simplement par souci d’authenticité. Depuis les débuts j’ai toujours été radicalement honnête dans ma démarche créative avec Akitsa et c’était important pour moi de poursuivre dans cette voie en ce qui concerne nos prestations sur scène. Je crois que cette froide sobriété représente parfaitement l’intensité de nos morceaux et l’isolement dans laquelle ils ont été créés. Nos concerts ne sont pas une fête ni un théâtre. Ils sont la manifestation d’une haine pure et bien sentie.

T – Penses tu que des festivals comme la Messe des Morts aient transformé quelque chose sur la scène Black Metal underground? Y a t il eu un impact que ce soit pour les groupes ou pour le public?

OT – La scène Black Metal underground, ses groupes et son public se sont définitivement transformés au fil du temps. Cependant, il est difficile pour moi dévaluer l’importance que les festivals tels que la Messe des Morts ont eu comme impact sur cette évolution. Le Black Metal a déjà été quelque chose qu’il n’est plus.

T – Pour faire un lien entre le passé et le présent d’Akitsa, la nouvelle édition du festival va permettre au groupe de retrouver sur la même scène Satanic Warmaster, après votre collaboration il y a un peu plus de 10 ans. Satanic Warmaster reste un des piliers de l’underground malgré un discours très extrême, parfois critiqué sur l’aspect NSBM (National Socialist Black Metal, mouvance radicale du genre au discours d’extrême droite – ndlr). Comment est ce qu’Akitsa se positionne par rapport à ces idées et à cette partie de la scène ?

OT – Nous avons déjà tenu un discours plus nationaliste au début de la carrière d’Akitsa qui s’est effrité au fil du temps. Nous sommes toujours fiers de nos origines et de chanter en français mais nos paroles d’aujourd’hui ne sont plus axées sur ces sujets. Notre état d’esprit actuel est beaucoup plus sombre, sinistre et sans espoir. Je crois que nous savons utiliser une forme de romantisme macabre pour dépeindre notre vision de la vie moderne à travers notre musique, tel un peintre ou un auteur le ferait par l’entremise d’une œuvre de fiction. Nous ne prenons pas de position face à cette partie de la scène. Nous sommes des analystes du monde moderne, pas police de la pensée.

T – J’aimerais aussi parler d’un autre groupe qui a un rôle particulier sur la scène et qui est lié à Akitsa. Après avoir partagé la scène avec Peste Noire comme tu le mentionnais précédemment, Famine a écrit aussi « Le dernier putsh » pour Akitsa sur « Au crépuscule de l’espérance ». Y a t il un lien particulier entre Akitsa et Peste Noire, musicalement ou idéologiquement? Es tu proche de Famine?

OT – Nous nous sommes connus durant la tournée Les Treize Nuits de la Peste organisée par Sepulchral Productions et des liens se sont créés. Nous tenions à faire une collaboration qui a résulté en un texte que La sale Famine de Valfunde a pondu pour Akitsa. Notre musique et nos idéologies ne sont pas les mêmes bien évidemment mais nous avons un esprit de camaraderie. La sale Famine de Valfunde et moi sommes toujours en contact.

T – Rétrospectivement, Akitsa a enregistré de nombreux « split » et donc collaboré avec de nombreux artistes bien au delà des frontières du Canada. Avec quel(s) groupe(s) aimerais tu partager ce genre d’expérience dans le futur, dans un monde idéal où tout serait possible?

OT – Très honnêtement je n’ai aucun nom qui me vient en tête. C’est le genre de projet qui se pointe le bout du nez sans avertir et sur lequel les deux parties travaillent mutuellement. Si je devais absolument nommer un groupe je dirais Marduk car j’admire leur carrière. Ils ont su rester authentiques et pertinents sans jamais tomber dans les pièges de la conformité qui ont tué d’innombrables groupes.

Vous pouvez retrouver notre retour sur la prestation d’Akitsa à la Messe des Morts par ici et trouver plus d’informations via le label d’Outre-Tombe : Tour de Garde.

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Texte : Traum

Photographe : Thomas Mazerolles

En entrevue : Last Train @ Toulouse

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C’est lors du passage de La Tournée des iNOUïS dans la ville rose le 8 octobre dernier que nous avons rencontré les garçons de Last Train, lauréats du Prix du Printemps de Bourges 2015‬. C’est après l’apéro-partenaires organisé par Avant-Mardi et dans une ambiance très détendue que nous nous sommes exilés sur le toit du Metronum. Ensemble nous avons évoqué l’ascension de leur label Cold Fame Records, leur tournée, la réalisation de leurs clips et le futur album que nous attendons tous. 

Pour revivre les concerts qui ont suivi avec Radio Elvis, Kid Wise et La Fine Equipe c’est par ici. 

 

Entrevue par : Vanessa Eudeline

Vidéo et montage par : Antony Chardon

En entrevue: Martin Marcotte (Sepulchral Productions)

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A un mois de la cinquième édition de la Messe des Morts, nous avons eu la chance de rencontrer l’âme pensante de Sepulchral Productions, Martin Marcotte, instigateur de ce festival sans équivalent en Amérique du Nord. Il n’y avait pas de meilleur contact pour prendre la température du festival qui s’en vient et discuter un peu de la scène Black Metal au Québec et en général.

Thorium – Salut Martin! Pour commencer cette entrevue pourrais tu te présenter brièvement, décrire un peu ton activité et surtout donner la ligne directrice de Sepulchral Production pour ceux d’entre nous qui ne seraient pas encore familiers avec l’activité du label?

Martin Marcotte – Salutations, j’ai lancé officiellement lancé Sepulchral Productions en 1999, afin de produire et d’assurer la distribution du premier album de mon groupe Frozen Shadows. Si je dis officiellement, c’est que la structure existait déjà depuis près de trois ans en fait, étant donné que je m’étais aussi occupé de la distribution de notre premier démo Empires de Glace, sorti en 1996. Grâce aux échanges faits en rapport avec ce démo, j’avais déjà un catalogue de distribution, qui était à ce moment destiné à un cercle fermé composé de proches. Donc, quand nous avons décidé d’enregistrer notre premier album, j’ai décidé tout naturellement d’en assurer également la diffusion, mais cette fois à plus grande échelle, d’où la naissance officielle de l’étiquette.

Sepulchral Productions est axée sur le Black Metal comme ceux qui nous suivent le savent, bien qu’il ne soit pas impossible de proposer des sorties d’un autre genre mais dont l’esprit nous rejoint, je pense à Beast Within, dont nous avons sorti le premier 7 pouces, par exemple. Pour que nous travaillions avec un groupe, il faut à prime abord qu’il me plaise, c’est un facteur beaucoup plus important pour moi que de savoir combien de copies de leur album nous allons pouvoir vendre…

T – Quand tu parles de “nous”, de quel type de structure est ce qu’on parle? Combien de personnes travaillent au sein de Sepulchral ? Gérer à la fois production et distribution ça représente sûrement beaucoup de travail!

MM – En fait, je suis la seule personne qui travaille à temps plein sur Sepulchral Productions. J’ai engagé une personne qui s’occupe exclusivement de l’aspect promotionnel du label (qui peut être assez prenant avec tout le reste), tandis que moi je me concentre sur l’orientation générale, des signatures et de la production. J’ai deux personnes qui peuvent également, au besoin me dépanner lorsque l’aspect distribution devient un peu trop chargé pour une personne (lors de nouvelles sorties par exemple, alors qu’il faut envoyer les précommandes).

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T – Parlons un peu d’actualité maintenant: la nouvelle édition de la Messe des Morts! Avant d’arriver à l’excellente programmation de ce nouveau rituel, je me demandais comment était né le festival? Y avait il une idée, une volonté particulière à l’origine ?

MM – Ça devait faire un an déjà que je songeais à me lancer dans l’organisation d’un festival lorsque nous avons annoncé la première Messe des Morts. Je savais déjà d’ailleurs que j’appellerais le festival de cette manière, tout ce qui manquait, c’était que je me décide à plonger.

C’est en fait alors que j’étais avec Monarque au Under the Black Sun (festival Black Metal en périphérie de Berlin, en Allemagne – ndlr) en juillet 2011, dans le cadre d’une petite tournée européenne que j’avais organisée pour le groupe, que je me suis décidé à faire le saut. J’assistais pour la première fois à un festival Black d’envergure, l’atmosphère était parfaite, et je me suis dit que c’était quelque-chose que je voulais faire vivre aux gens d’ici. Aussitôt revenu, j’ai contacté Inquisition, que j’avais déjà fait jouer à Montréal, et Absu, dont le bassiste et moi étions en contact depuis quelques temps, et le projet était lancé!

T – Venons-en au cinquième rituel qui s’annonce! Très belle affiche qui selon moi revient plus dans l’esprit des débuts avec des têtes d’affiches délivrant un Black plus primitif et une dimension mélancolique et suicidaire très marquée. Pour parler un peu des groupes, quels sont tes coups de cœur sur cette édition? Les groupes dont tu es très fier d’avoir le nom sur l’affiche? Le show que tu attends avec le plus d’impatience ?

MM – En fait, je ne crois pas que le festival ait beaucoup mis l’accent sur les groupes plus « suicidaires », nous n’en avons pas vraiment eu avant la quatrième édition, et même là il n’y en avait que deux sur le lot, dont un (Shining) que je qualifierais plus de malsain, et nous en aurons quelques-uns aussi cette année. Messe des Morts se veut à la base surtout axé sur le Black « old-school », même si nous ajoutons aussi quelques groupes sortant un peu du lot pour varier un peu. Pour cette année, je suis particulièrement fier des deux têtes d’affiche, Lifelover et Satanic Warmaster, qui sont, somme toute très différentes! Satanic Warmaster est un groupe que nous nous sommes très souvent fait demander pour le festival, et un que j’apprécie énormément aussi. Ça devrait être tout un spectacle!

Lifelover, ça a réellement été la grosse surprise du festival, c’est le genre d’annonce que tu as hâte de faire pour voir comment les gens vont réagir! Peu de gens le savaient, mais ça faisait longtemps que j’étais en discussions avec Kim pour faire venir Lifelover ici. Nous en avions parlé une première fois en 2010, lorsque je préparais la première tournée d’Alcest en Amérique du Nord (ça aurait été les deux groupes ensemble), mais le projet était finalement tombé à l’eau. Nous avons repris les discussions en 2011, et le projet semblait vouloir arriver à terme, puis, malheureusement, B/Jonas est mort subitement, alors bien entendu tout s’est arrêté pour le groupe à ce moment. J’ai ensuite recroisé Kim à un spectacle de Hypothermia avec Sombres Forêts en Allemagne en 2013, et à ce moment, il m’a dit que le reste du groupe songeait à boucler la boucle en donnant quelques derniers spectacles en 2015, afin de célébrer les dix ans de la formation du groupe. Je lui ai bien entendu parlé du festival, nous avons convenu de nous en reparler, et le reste, vous pourrez le voir le 27 novembre!

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Avec Winterhalter (batterie – Alcest, ex-Peste Noire)

T – Très belle tête d’affiche, c’est certain. Mais le reste devrait présenter des surprises de qualité avec comme d’habitude de nombreux groupes locaux.

Sepulchral s’est fait connaitre avant tout par tous les classiques québécois, j’imagine que faire la promotion de la scène locale est essentiel pour toi sur ce genre de festival? Quels sont tes coups de coeur québécois de cette édition?

MM – Oui, bien sûr, la Messe des Morts ne serait pas ce qu’elle est si elle ne permettait pas à quelques groupes d’ici de se faire voir chaque année! Bien entendu, avoir Akitsa sur l’affiche est un gros coup, vu que le groupe s’est fait rare ici depuis la tournée avec Peste Noire en 2008!

Sinon, le fait de voir enfin Brume d’Automne sur les planches après toutes ces années sera certainement aussi un des faits marquants de la portion québécoise du festival. Le retour sur scène de Neige Éternelle aussi, sans aucun doute. Bref, autant pour les groupes internationaux que ceux d’ici, je crois que cette édition du festival aura beaucoup de “profondeur”…

T – Dernier point sur l’affiche, si le Québec est mis en avant avec raison, la Messe des Morts n’oublie jamais ses cousins français avec toujours au moins un groupe français par édition (tu as même tenu à le préciser lors de l’annonce de Blacklodge!). Pour nos lecteurs sur place, y a t il quelque chose dans le black français pour toi qui fait qu’il mérite son passage à la Messe des Morts? Amour de la touche française ou hasard d’organisation?

MM – Un peu des deux je dirais! Lors de la première édition, nous avons pensé à Glorior Belli, dont le projet de venir en tournée nord-américaine pour une première fois avait avorté peu avant, le “timing” pour nous était idéal. En préparant la deuxième édition, j’ai appris que Seth s’était reformé, et comme le premier album du groupe restera toujours un incontournable en matière de Black en français, je les ai contactés pour en faire partie. C’est plus en préparant la troisième édition que je me suis dit qu’il y aurait peut-être là une tradition qui était en train de se créer. Il faut dire qu’ici, le Black français, ça touche les gens d’assez près vu la relation de cousins, comme tu dis justement, entre le Québec et la France.

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Messe des Morts III – Taake

T – La Messe des Morts présente déjà sa cinquième édition et elle a vu passer des légendes du black plus ou moins underground. Quel(s) groupe(s) rêverais tu de faire passer au festival?

MM – En fait, comme la plupart des groupes de Black plus “gros” passent plus ou moins régulièrement en tournée, faire jouer un de ces noms sur le festival ne serait pas si intéressant pour moi, et je préfère donner la chance à des groupes qu’on voit rarement par ici. Ceci dit, Emperor pour In the Nightside Eclipse (leur cultissime album de 1994 chez Candelight Records – ndlr), comme ils ont fait pour quelques festivals en Europe, ça aurait vraiment été quelque-chose de spécial! Mais malheureusement, ils n’avaient pas prévu venir en Amérique du Nord…

T – En restant dans le domaine du live, de nombreux fans ont insisté pour que je te demande des nouvelles des classiques de Sepulchral. À quand un retour en live de Forteresse, Monarque et autres Gris? Quelques chanceux dont je ne faisais malheureusement pas parti ont pu profiter de Forteresse et Sombres Forêts pour la soirée des 15 ans de Sepulchral mais qu’en est-il depuis?

MM – Gris n’a jamais joué live, et ça n’est pas dans les plans non plus. Ça serait très compliqué de reproduire leur musique en spectacle, il faudrait presque disposer d’un petit orchestre, ce qui serait très complexe pour les répétitions, bref, pas vraiment réalisable comme projet.

Monarque a cessé de jouer live depuis quelques temps malheureusement, donc pour le moment, rien à annoncer de ce côté. Un peu la même chose pour Sombres Forêts, qui est “sur la glace” pour le moment.

Pour ce qui est de Forteresse, le groupe est en train de préparer son prochain album, donc, dans leur cas, on le reverra très certainement sur les planches, juste pas tout de suite!

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Messe des Morts IV – Samael

T – Assez parlé de concert, j’aimerais parler de Sepulchral en tant que label de Black Metal maintenant. A un moment où le business de la musique devient de plus en plus difficile pour les plus petits et underground, comment gère-t-on un label axé uniquement sur un genre qui concerne peu de public et qui a l’image du Black Metal ? Comment rend on viable ce genre d’entreprise?

MM – Avoir un label axé sur le Black Metal, c’est avant tout une question de passion je dirais, parce qu’effectivement, ça n’est certainement pas le “modèle d’affaires” le plus rentable! Sepulchral Productions est viable financièrement, donc le label rapporte un peu d’argent, mais ça n’est certainement pas ça qui pourrait assurer ma survie! Déjà, le fait que les activités de l’étiquette se financent toutes seules, c’est une réussite pour moi, et ça me convient très bien comme ça.

Je crois que, pour rendre viable un label underground, le fait de demeurer fidèle à ce que l’on aime musicalement tout en insistant sur la qualité est primordial. Il est important aussi d’être conscient de ses moyens quand vient le temps d’assurer une visibilité à ses groupes, savoir ce qui vaut les dépenses et ne le vaut pas, avec un budget plus limité que celui des étiquettes plus grosses, c’est très important. Le professionnalisme est aussi très important, ça n’est pas parce qu’un label est plus “underground” qu’il doit nécessairement tout faire de façon bâclée!

T – Si la gestion est un paramètre essentiel, qu’en est il de la communication ? Le succès d’un label repose bien entendu sur son public mais comment va t on capter son auditoire quand on parle de Black Metal ? Comment peut on trouver un nouveau public dans un genre qui pourrait sembler assez clos vu de l’extérieur ? Y a-t-il une stratégie particulière autant sur la scène locale (qui j’imagine représente le plus gros support de Sepulchral) et l’international ?

MM – Effectivement, le Black, ça n’est clairement pas pour tout le monde, et personnellement, ça me va comme ça. Je suis de la vieille école, donc je n’aimerais pas que tout le monde commence à être fan de Black, il y a déjà trop d’indésirables d’ailleurs. Donc, l’essentiel est de rejoindre les gens qui s’intéressent réellement au genre. Pour ça, bien entendu, il y a la pub dans certains fanzines et magazines, et aussi une présence active sur le Web. Malgré ses défauts, il faut admettre qu’Internet peut être un excellent outil de promotion, notre page Facebook, par exemple, donne toujours d’excellents résultats lorsque vient le temps d’annoncer des nouvelles sorties ou des spectacles!

Sinon, au niveau local, le fait d’organiser des spectacles de Black aide bien entendu à cultiver la scène, en plus de donner plus de visibilité aux quelques groupes de l’étiquette qui se produisent sur les planches. Ceci dit, au total, nous faisons le plus gros de nos ventes par catalogue hors du Québec, en particulier en France, en Allemagne et aux États-Unis. Question de démographie bien entendu, même si la scène Black est bien solide au Québec, point de vue population, il y a beaucoup moins de gens que dans ces autres pays. En proportion, le Québec est effectivement probablement l’endroit où le ratio de ventes est le plus élevé, mais en nombre absolu, c’est différent.

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Messe des Morts III – Tsjuder

T – La plupart des groupes étiquetés Sepulchral ont fait le choix de s’exprimer en français et de s’en tenir même strictement à la langue de Molière. Pourtant ça ne semble pas être un frein à leur exportation en dehors de la francophonie. Comment explique tu le succès du Metal Noir Québécois à l’heure où l’anglais semble indétrônable ?

MM – Effectivement, les groupes de Black d’ici ont une belle visibilité hors du Québec, même si, comme tu dis, bon nombre d’entre eux chantent exclusivement en français. Je crois que ça peut effectivement s’expliquer en partie par l’essence même du style. N’oublions pas que beaucoup de norvégiens se sont exprimés dans leur langue lors de l’explosion de cette scène, donc les fans du genre sont probablement plus réceptifs en partant à d’autres langues que l’anglais. Ici, avec le côté nationaliste en plus, c’est pratiquement devenu une caractéristique du genre, donc, forcément, les gens à qui les groupes québécois plaisent acceptent facilement l’emploi du français.

Même par rapport aux activités de Sepulchral Productions, je remarque à quel point les gens de l’extérieur se forcent souvent pour me glisser 3-4 mots de français lorsqu’ils passent des commandes ou nous contactent pour diverses raisons. Ça m’est même déjà arrivé de voir des américains ou des gens du Canada anglais s’excuser en me parlant à des spectacles parce qu’ils ne savaient pas parler français, ce qui semblerait complètement irréel à un québécois typique qui se ferait aborder par des anglophones dans un contexte plus normal!

T – Pour terminer cette entrevue, parles nous un peu du futur proche ou lointain du label. En dehors de la Messe des Morts, y a t il des sorties ou des projets de prévus?

Pour les mois à venir, les activités de Sepulchral Productions seront surtout axées sur le vinyle, nous allons en effet sortir quelques-uns des albums lancés sur l’étiquette en LP. Il y a également Forteresse qui prépare son prochain album, qui devrait sortir quelque-part en 2016. Pas mal de spectacles aussi en préparation pour la première moitié de 2016, entre autres, Angantyr, le 24 mars, que nous venons tout juste d’annoncer!

Pour relire notre présentation du festival c’est par ici et pour retrouver toutes les informations sur la Messe des Morts c’est par  !

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Messe des Morts IV – Angantyr

Auteur & Photographe : Thomas Mazerolles

En Entrevue: Vena Kava (Aversion)

 

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Après avoir découvert le groupe lors de la troisième Messe des Morts, j’ai eu le privilège de voir jouer Aversion dans une salle plus modeste en ouverture de Panzerfaust. Venus à cette occasion défendre leur premier effort éponyme, j’ai eu le plaisir de voir que derrière les corpsepaints et les ossements se cachait quelqu’un de vraiment sympathique en la personne de Vena Kava. L’envoûtante chanteuse aux vocaux acérés a bien voulu se prêter au jeu de l’entrevue et j’ai donc sauté sur l’occasion pour faire découvrir cet excellent groupe de Black Metal qui montre une fois de plus la richesse de la scène montréalaise !

Thorium – Hi Vena! Let’s get directly into the subject! Can you present the band? How did you all meet and how is Aversion born?

Vena Kava – Hi! Aversion came to be as two different individuals from two separate countries had the same exact idea; the fundamentals were based on aggression and rawness. At the time I was living in the states and was pretty disillusioned with the black and death metal scene. It was difficult to find people who were interested in this kind of music, especially since the Boston area is know for hardcore. I decided to move to Montreal since I knew the metal scene was strong there. Me and Max Macabre found each other and from there on the team came together.

T – It’s funny that you say this. I recently read an interview of Curby, the man behind Obscene Extreme festival, and when he came with the idea of the festival outside of Czech Republic, he wanted to organize something in North America. It happened that it was very complicated and everyone was telling him to come to Montreal instead. It seems there is something special about the metal scene over here. Since you experienced other places, do you have any idea why Montreal is so unique when it comes to extreme metal?

VK – I speculate that there are many factors that create such a strong scene here. Montreal really reminds me of Europe in the sense that there is a lot of art happening all the time and I find that people respect artists and musicians much more here compared to the States. There is also mutual appreciation between musicians here, I think we all help to support each other’s music. We are not here to compete against one another, but to help grow the scene strong as a unit.

T – I can’t agree more! Being from Europe myself, I am still impressed how much the scene is great and alive here in Montreal.

But back to you now!

Let’s try the “tell me what you listen to and I will tell you who you are” thing. What are your personal influences? What bands do you dream about at night?

VK – My personal influences are varied, but generally speaking I have always been influenced by Rammstein, Leonard Cohen, Fear of God, and Behemoth. I have been listening a lot to a band from Poland, Furia, and I’m really into atmospheric doom lately. I think it’s the Doom that comes about in my dreams. Oh damn, I forgot one of my other huge influences… Skinny Puppy!

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T – Great ones! It is always a good starting point to be open minded this way, otherwise the black metal scene would look too « closed ».

About that, I saw that you played in a more doom oriented festival in Toronto recently (Doom Over Toronto – ndlr) which means, even if it is still metal, that you have been given the opportunity to play outside of the black metal sphere. I took part in Grimposium recently where they spoke about the negative image black metal has suffered and how it was difficult to play in some places. Did that happen to you? Have you ever had trouble because of being a black metal band?

VK – The doom festival was the first time we played a show which was not tailored toward black metal. It was rather a stoner like crowd and as expected everyone was super polite and open minded. However, I was surprised to shock people, after my performance many told me they have never heard or seen anything like this. I guess black metal is such home to me that I forget that it is rather not the most well known genre. I have never yet experienced any anti black metal sentiment, but I know it exists. At the Doom metal show, I’m not sure if Aversion made things any better, it seems every show we play there is some sort of accident that blood is drawn, and this was also the case for the doom fest. Maybe after all the intense summoning, there is electricity in the air that just manifests these happenings.

T – What do you mean exactly by « blood is drawn »? What happened?

VK – So it seems like every show we play somebody gets randomly hurt and ends up bleeding all over the place. It is never intentional and always random. At the doom fest my bass player and his friend did a cheers and accidentally broke the beer glasses. They both got pretty bad cuts on their hands from the glass breaking and literally both bled all over the place as the blood would not stop, so the room was full of blood everywhere. So always some incident like this, I have a story for every show.

T – That’s really strange… Well I think it contributes to the legend of the black metal scene somehow!

Now another topic you have probably been asked about a lot : women in black metal are gathering more and more fans. From giving an erotic and dark atmosphere in pictures and videos – nobody forgot the video of Mother North by Satyricon for example (go watch this piece of BM history if you forgot – ndlr) – to the success of Myrkur as a one woman project. It seems like women are more and more part of the black metal scene. Are black metal heads becoming open minded?

VK – This is something I really would not be able to tell you. I have never heard of the band Myrkur. I’m sure it is a well known band in black metal. But honestly, I live so much in my own world that I don’t even know what’s going on in the planet. I don’t read about music, I don’t read any news on the Internet period. If it were announced it was the end of the world I would not even know it. I barely even draw any inspiration from music so I’m not familiar with a lot of black metal or any musical trends. I have no idea what people are thinking and if the metal heads are becoming more open minded. I’m so hyper introverted that I don’t even go out; I think people only see me when I play a show hehe. Some people even ask me if I really exist, so this is why I’m don’t have any answers to this question. I’m just out of touch with these things!

T – Haha, all right!

This leads us to the last part of this interview. Now that your first full-length album is out, what are the plans for the band in the close future? Any chance to see you playing in Québec or elsewhere? If not, do you have any music related plans personally for the winter to come?

VK – Right now we are in the process of writing new music, we have several songs already and will be releasing the new album next year. Aversion will play shows next year but with a whole new set; we are going with an even more aggressive feel this time, it will be a surprise. As for me, I may be reviving my studio project Killing Moon, but with an industrial metal feel. I may also collaborate on some music with others if time permits. But 2016 will be a very good year for music.

T – Great, I really liked you last show, I can’t wait to see the new set! Thank you very much for your time and we will see you soon for the new album then. Any last message to the fans?

VK – Thank you, it was a pleasure! As far as the new album and our next show… it will come fast and hard so prepare for Aversion as you have never seen us before!

Tenez vous informés de l’actualité du groupe via leur website, Facebook et Bandcamp !

© Jee Sws of Silver wings studios

Auteur: Thomas Mazerolles

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