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26 février 2014 – Quand Between the Buried and Me ont annoncé qu’ils allaient jouer en entier leur plus récent opus, The Parallax II : Future Sequence (2012, Metal Blade Records), les fans du groupe ont collectivement mouillé leur shorts. De passage à Montréal le 26 février au Théâtre Corona, le groupe était accompagné de The Kindred, Intronaut et Deafheaven.

Anciennement nommé Today I Caught the Plague, The Kindred est une sorte de Protest The Hero moins hyperactif saupoudré d’un soupçon de vieux rock progressif. Il en résulte un groupe qui, en studio et adéquatement mixé, est capable de produire du bon matériel. Ceci ne se traduit malheureusement pas en live, avec un chanteur au range particulier. Même pour un fan de Between the Buried and Me, ayant de base une oreille musicale assez ouverte, ça demeure solidement dans la catégorie des goûts acquis.

Le groupe Intronaut, à ce point-ci, peut presque se passer d’introduction. À mi-chemin entre le jazz, le prog expérimental et le gros métal qui mord, la formation a autant pigé des chansons dans son vieux répertoire, plus agressif et expérimental, que de son plus récent album, plus épuré et jazzé. Histoire de rajouter une couche trippy, le groupe a également sorti les projecteurs lasers, créant une véritable canopée au-dessus du public. Pas surprenant, donc, que les métalleux dans la salle aient eu l’impression de se réveiller d’un joyeux trip après leur set.

Le nom Deafheaven provoque en général beaucoup de réactions. Avec des compositions  qui évoquent le groupe Alcest (en version pas mal plus short bus, malheureusement), le groupe s’est autant attiré le venin des métalleux purs et durs qui déjeunent en corpse paint que l’adoration des magazines de fillettes indies à la Pitchfork. Force est de reconnaître que le groupe participe grandement à la démocratisation du black métal, avec des chansons accrocheuses tout en étant bourrées de tremolo picking, de blastbeats et de chants typiquement black. Loin d’être un trip réservé aux mélomanes intellectualisés, le groupe a su brasser le public avec une énergie surprenante, surtout que pour un observateur extérieur, Deafheaven semble être composé d’un batteur talentueux, d’un chanteur un peu awkward et de trois patates.

Je n’avais jamais embarqué à 100% dans le style légèrement schizophrène de Between the Buried and Me, mais leur interprétation de Parallax II, live, a changé la donne. Virtuoses incontestables, ils ont réussi à sortir du stéréotype du musicien stiff et concentré sur son jeu qu’on attribue souvent à ceux qui affichent une maîtrise de leur instrument. Capables de déchaîner un pit impressionnant, surtout pour un spectacle à tendance prog, les membres du groupe ont donné dans le fan service jusqu’à la dernière note en jouant Sun of Nothing en rappel. De quoi plaire à n’importe quel fan de longue date du groupe et, visiblement, faire de nouveaux convertis également.

Auteur: Alex Luca

Photographe: Paul Blondé

Pour en savoir plus: BTBAM