Il est 21h20 en ce mercredi 12 juillet, le Parc de la Francophonie est submergé par la foule qui attend depuis  une vingtaine de minutes déjà devant la scène Loto-Québec. Un à un, des musiciens viennent s’installer en avant, dans un espace à l’éclairage tamisé d’où se laisse entendre une basse continue, créant une atmosphère d’attente soutenue qui laisse présager une activité prochaine. C’est devant un public bien attentif que Bobby Bazini sort finalement de l’ombre et sous un tonnerre d’applaudissements, vient s’installer au bout de la scène.

Le jeune homme est accueilli telle une véritable star de la pop sur scène. Il faut savoir que 2 ans plutôt,  il charmait les plaines d’Abraham et que c’est bien par le fait d’un site restreint et clôturé qu’un nombre tout de même grand, mais limité de gens ont pu assister à sa représentation. Ne perdant pas de temps en cérémonies formelles, le musicien originaire de Mont-Laurier commence de façon dynamique où dès les premières chansons, le public est invité à taper des mains.

Les premiers moments du spectacle enchaineront plus particulièrement des morceaux de ses anciens albums, tels que Oh Katy, Bubblegum (I can’t stop this feeling) et Cold cold heart sur des aires très soul et bluesy dans lesquels Bobby resplendit en avant-scène. Les yeux brillants, il ne semble avoir aucune difficulté à remplir l’espace sonore comme scénique.

Après avoir réchauffé son public sur des airs plus connus, c’est dans le répertoire de son dernier album Summer is Gone que l’artiste pigera principalement (Leonard Cohen, Never let go, I wanna know what it is…etc.), mettant en valeur le sublime quatuor de cordes sur scène (violons et violoncelle). Cet ajout donne une dimension habilement  renouvelée à la musique de l’artiste folk, amplifiant sa portée émotive et créant une ambiance plus près de l’intimité et de la nostalgie que dénote son dernier album, que de la chanson populaire. Un bel éclairage bien calibré viendra également soutenir l’artiste et les musiciens tout au long du spectacle, offrant des projections tamisées rappelant la proximité d’un feu de foyer, mais également de puissants jets de lumière faisant briller la scène entière.

Bien humble, le chanteur nous offre deux interprétations au courant de la soirée, dont la chanson francophone (ce qui lui est moins commun, mais fait plaisir à entendre) Le train du nord de Félix Leclerc en se présentant seul sur scène avec une petite guitare acoustique Parlor. Il enchainera tout de suite après, et toujours seul, avec I Wonder dans un beau moment de communion avec un public très participatif qui l’accompagne joyeusement au chant.

Après ce court interlude en solo, Bobby invite son frère Kevin Bazinet, à le rejoindre sur scène pour interpréter To love somebody des Bee Gees. Justifiant ce choix par le caractère commun aux deux « formations » d’être structurées par des liens fraternels,  nous passons un moment fort agréable et assistons à une bien belle complicité des deux Bazinet qui se partagent la chanson en s’assistant mutuellement.  

En terminant, Bobby s’assoit au piano pour jouer Summer is Gone, donnant à son spectacle une conclusion bien douce et sensible. La chanson qui offre pour finir un trois minutes seulement instrumental, permet au public d’absorber progressivement le contenu de leur expérience du spectacle, sans que ce dernier soit sèchement mis à terme. J’ai pour ma part adoré cette fin qui se dissipe sous le bruit d’une fine pluie et d’un public témoignant son plaisir d’avoir participé. Je serais pratiquement parti à cet instant conclusif  qui fait bien contraste avec le look plus construit de « pop-star » que l’on peut attribuer au chanteur.

Revenant malgré tout rapidement sur scène,  s’étant débarrassé de son manteau et munit d’une douze cordes, il nous chante doucement  Wish you were here dans une performance acoustique simple, mais à la sonorité bien riche, en invitant la foule à sortir leurs sources lumineuses. Puis, s’installant une dernière fois au piano, il termine avec sa nouvelle favorite;  C’est la vie dans la joie d’un public qui tape des mains et chante le refrain avec la même énergie qu’au tout début.

En définitive, le chanteur aux airs soul et folk/blues, nous fait découvrir une nouvelle saveur, plus sentie, intime et moins pop qui s’ajoute très bien à son répertoire et style déjà existant. Bobby Bazini a fait ses preuves, nous le savons capable d’une grande qualité de composition. Or qu’en est-il de ses capacités à performer « live »? Sans nul doute, il est confiant et possède beaucoup d’aise sur scène. J’ai trouvé cependant qu’une certaine négligence des interactions avec son public s’est glissée dans la formule du spectacle, qui s’apparentait plus à un « buffet de singles » où on essaie de remplir ton assiette au maximum au lieu de faire plusieurs services avec présentation. Le spectacle était long (de 9h20 à 11h05) et sans prétendre que Bobby Bazini manque de marchandise à livrer (déjà trois albums bien remplis), il gagne tout à prendre le temps d’interagir avec sa foule qui le suit déjà depuis un bon moment. Que ce soit par l’humour, par l’improvisation ou en parlant de l’inspiration de certaines chansons, investir les potentialités propres au live, cette situation où les gens se présentent pour avoir plus de substance, ne peut qu’ajouter à ce qu’il a si bien construit jusqu’à présent.

Auteur: Frédérick Deschênes

Photographe: Marie-Jade Morneau