Critique d’Album: Aisles – 4:45 AM
Il y a des jours comme ça, où on est heureux de se lever. Le réveil sonne, on enfile ses pantoufles et pendant qu’on fait couler le café, on trie le courrier. Tiens ? Un paquet en provenance de Santiago du Chili ?! Ah ! Le 3ème album d’un groupe local de Rock Progressif. Aisles. Le Prog, pour les intimes, est un genre particulier. Riche, complexe et pas vraiment facile à définir. Le non initié a tôt fait de le rejeter et de le qualifier de: «branlette intellectuelle». Il n’a pas forcément tort puisque les musiciens s’amusent à déconstruire et à redéfinir les fondements même de la musique. Mais il est fort dommage de passer outre ce genre parce que c’est «trop compliqué pour moi».
Cette intro est un peu particulière j’en conviens, mais il faut bien situer les choses: rien n’est jamais inaccessible, et cet album 4:45 AM en est un très bon exemple. Situons nous, cet opus marque une transition pour le groupe. Mis à part le changement de line-up, le succès local et un début de reconnaissance dans nos contrées (ils ont participé en 2009 au Festival de Rock Prog, Crescendo et ont été plutôt bien accueillis), donc une volonté de s’exporter à l’international s’est faite désirer. Exporter en dehors des frontières une culture et une manière de faire dans style assez cryptique pour la majorité. Casse gueule mais enivrant, non ?
Point de suspense, le pari est réussi. Lors de la première écoute on se dit que les sonorités sont « ringardes », voire qu’elles ont 30 ans de retard. Cependant, on se rend vite compte que ce n’est pas aussi anodin que cela. La première partie de l’album retrace chronologiquement et subtilement l’histoire du genre car on progresse tout en finesse à partir de titres «old school» à la manière de Genesis, de Yes ou même de Toto (4 :45 AM, Gallarda Yarura et Shallow and Daft) vers le Rock Progressif plus moderne.
On se prend littéralement une claque avec le 4ème morceau, Back My strength, qui singe à merveille le timbre et la composition de Steven Wilson (Porcupine Tree, Blackfield), alors que nous sommes encore en train de sourire niaisement sur la fin un poil « too much » du 3ème (oui, une fin radiophonique en différentes langues: de l’anglais au japonais, en passant par le «cappuccino» italien).
Après avoir présenté ses influences, Aisles montre enfin ce dont il est capable. The Sacrifice est une belle démonstration à la fois de finesse et de puissance. Un résumé de son panel en somme: un riff de guitare sèche, saupoudré de cordes crissées dont suit une montée en crescendo des autres membres jusqu’à l’explosion orgasmique finale (étrangement le titre suivant est un interlude de bruits aquatiques…). Un morceau très accessible qui fait comprendre que la musique doit se ressentir avant toute chose, d’autant plus lorsqu’elle est considérée comme « intellectuelle ». Un conseil donc, qui laisse présager la suite car les gars ne nous laissent pas partir comme ça. Les choses sérieuses commencent avec l’instrumentale dérangeante d’Intermission, puis un peu de répit nous est offert avec le morceau suivant, The Sorrow, qui associe douceur et chaleur latine. Une musique froide et impersonnelle ?
Nous sommes donc maintenant dans les conditions optimales pour appréhender la dernière partie de l’album avec deux compositions à tiroir 100 % Rock Progressif et totalement débridées. Hero et Melancholia. Tout a été fait pour amener l’oreille sur ces deux-là: «voilà les gens, le Prog c’est ça ! Voyez, ce n’est pas si terrible que ça ?». Dommage qu’il n’y en ait que deux.
4:45 AM est donc un album qui se veut éclectique sur bien des points. La volonté d’Aisles de s’exporter à l’international, nous a offert cette galette pleine de bon sens et de finesse. Tout en sachant garder son identité, on progresse dans l’histoire du genre et s’achemine petit à petit vers le Prog pur et dur. Il y a donc ici une notion d’accessibilité pour amener l’oreille non initiée, comme experte, à la découverte du groupe d’une part, mais également d’un genre trop méprisé pour sa soi-disant complexité. L’ensemble est renforcé par le large brassage d’influences aussi bien culturelles que musicales (je n’ai pu tout citer) amené de manière cohérente et judicieuse. Un album à découvrir absolument.
Pour cette année 2016, Aisles prépare une tournée européenne, dont deux dates en France courant avril, qui restent cependant à confirmer. Nul doute que l’on vous tiendra au courant le moment venu.
Note : 7,5/10 – Un album «cas d’école» pour découvrir tout en finesse le monde merveilleux du Rock Progressif.
Auteur : Pierre Falba
Crédit photo : Aisles
Critique d’album : I-Machine – L’Origine
A l’occasion de la sortie de ce nouvel opus, Indicible Machine s’est muté en I-Machine. Dans un souci de coller toujours un peu plus à l’intrusion plus qu’invasive de la technologie dans notre quotidien, ce revirement nominal fait écho à ce nouvel album sobrement intitulé L’Origine. L’origine de toute chose, justement, est toujours l’expérimentation et le groupe tente de déstructurer nos habitudes auditives en mixant ensemble le Rock/Metal avec de la Techno/Electro. L’initiative est plutôt casse gueule mais ô combien louable.
Alors, que donne cette galette ? Soyons clair dès le début, le plus gros point faible de ces compositions est la partie électro. Une espèce de Techno/Electro-House de moindre qualité, et restée figée dans la playlist de “DJ petzouille” embauché à la va-vite par la Fun Radio des années 90 (i.e. les intros de Carpe Diem et de Que le Meilleur S’exprime).
Par contre, le point fort du groupe est le texte ainsi que le chant, leur intégration dans l’instrumental. Rares sont les productions rédigées dans la langue de Molière qui ne partent pas en live dans les styles Rock et plus particulièrement Metal. Les textes, bien que de temps en temps un peu faciles (Crazy), restent néanmoins cohérents et homogènes avec les compositions instrumentales. C’est très agréable. De plus, ces textes présentent des propos engagés, qui se font les échos de la socio-pathologie des troubles actuels (La crise, Criminel). Il se fait sentir une volonté de pousser l’individu à se sortir du marasme d’une société écrasante et qui étouffe la masse. Un petit côté Trust (Ni Dieu Ni Maître) et Noir Désir (Big Brother) qui se ressent bien.
Certains titres sont en anglais et s’intercalent avec ceux en français. Bien que le texte soit moins complexe en comparaison (et ce n’est pas péjoratif), cela a le mérite d’aérer considérablement l’album ; d’autant plus qu’ils délaissent les parties synthétiques au profit de compos qui flirtent avec le Nu Metal (Welcome, This Something).
Le titre éponyme, L’Origine, résume tous les points positifs émit jusqu’à présent. Un excellent titre de par sa simplicité, son homogénéité et ses lyrics inspirées.
Certains regretteront le côté “smoothy” un tantinet cucul du chant qui est peu adapté au genre Rock/Metal, mais qui est parfois entrecoupé de poussées gueulardes lors des lyrics “coup de gueule” (La crise, en est un bon exemple). Personnellement cela ne me gêne aucunement, au contraire ça donne un certain cachet non négligeable. Ce qui m’ennuie fortement par contre, ce sont les morceaux Lire en Toi et La Mission (qui clôture l’album). Le premier, fortement inspiré du groupe Indochine, se conclut par des propos douteux. Faites-vous en un avis, je n’en dirai pas plus.
En revanche, si L’Origine est le morceau phare de la qualité d’écriture d’I-Machine, La Mission en est le parfait antagoniste. La part belle est donnée à cette Electro de seconde zone, accompagnée de textes peu, voire pas du tout inspirés, et surtout… agrémentée d’auto-tune sur le chant. C’est atroce. Alors, on ne sait pas si il y a un sous-texte caché visant à critiquer le système musical médiatisé à l’heure actuelle (qui parlait de Fun Radio ?), mais on est en droit de se poser la question si c’est le cas ou pas. Dans tous les cas justement, terminer l’album par ce titre est une grosse déception.
Résumons. Depuis quelques années I-Machine tente et joue avec les codes musicaux. Dans une volonté de déstructurer les concepts et de déstabiliser l’auditoire. Voilà l’intérêt majeur du groupe, s’essayer à de nouvelles choses. Malheureusement comme dans toute entreprise vouée à l’expérimentation, il y a nombre d’obstacles et d’échecs avant de concrétiser enfin ses aspirations. L’Origine n’est pas un mauvais album en soi, mais les compositions sont assez bancales et défectueuses principalement dans l’axe Electro. Le point fort reste le texte/chant qui est à la fois propre et homogène aussi bien en français qu’en anglais.
https://www.youtube.com/watch?v=1d9v6cb7vak
Note : 5,5/10 – L’Origine est un album bancal mais qui a le mérite de tenter quelque chose. Pour le meilleur ou pour le pire, le mieux reste d’y jeter une oreille.
Auteur : Pierre Falba
Crédit photo: I-Machine
Critique d’album : Flown – Make-Believe
C’est après trois ans d’absence que le groupe Flown, nous revient avec un troisième album intitulé Make-believe. Un titre lourd de sens puisque il signifie « Illusion »… On préférera cependant la mauvaise traduction franchouillarde : « Faire croire ». Car les intentions de cet album ne se résument qu’à ça.
Mais débutons avec la pochette de cette galette. Nous sommes en effet accueillis par un « Gluon » en position de lotus, tout droit sorti d’un épisode de South Park. Le tout est façonné dans une 3D approximative, c’est moche. Une contre façon qui singe les œuvres psychédéliques d’Alex Grey que l’on peut retrouver sur les pochettes de groupes tels que Nirvana (In Utero), ou même Tool (10 000 Days). Ce n’est pas non plus le livret qui va relever la chose car il ne contient que quatre pages dont les représentations picturales sont… absolument vides d’intérêt. Le pire reste une absence TOTALE de lyrics. Dommage pour ceux qui, comme moi, souhaitent connaître les histoires contées par le groupe. Une fois le disque lancé, la première piste, Out of my Soul, débute par… des chuchotements. C’est drôle, chers musiciens, merci.
En outre, Out of my Soul fait partie des rares morceaux dignes d’intérêt avec… les deux derniers, Face Off et Child in the Box part III. Pourquoi ? Parce que le groupe s’essaye à développer leurs compositions et la voix se permet enfin de se moduler et de donner du volume au chant. On se surprend même à découvrir une approche progressive sur le dernier titre.
Tout le reste est donc affreusement plat et quelconque. Ce n’est pas forcément mauvais mais c’est très vite oublié une fois l’é…, les nombreuses écoutes effectuées. L’intérêt dégringole au fil des pistes où le groupe perd de son caractère au profit d’une soupe insipide et niaise. Le summum vient avec Blackbirds dont le terme est répété inlassablement toute au long du morceau. On zappe à chaque fois.
Cet album possède un réel problème d’identité. Sur quasiment chaque titre il est possible de les rapprocher d’un autre groupe bien plus connus. Vous êtes dubitatifs ? Sky Between Us est du Papa Roach. Ghost et Making Mirroirs, de l’Incubus. Pour Child in the Box, allez voir du côté des suisses de To the Vanishing Point. Vous prendrez bien un peu d’Adema ? Ecoutez Face Off. A ce stade ce n’est plus de l’inspiration c’est de l’aspiration. Un décalque.
En définitive, Make-believe est un album décevant, pas désagréable en soi, mais qui souffre d’un manque d’intentions et d’une personnalité qui fait défaut au groupe. C’est frustrant car ils démontrent quand bien même un potentiel prometteur en fin d’album… Juste de quoi nous laisser sur notre faim.
Note : 5/10 – Album très vite oublié une fois écouté. Il souffre d’un manque d’inspiration et d’un réveil d’intérêt tardif en fin de galette. Le groupe est prometteur mais ce n’est pas avec celui-ci qu’il va se démarquer de la masse.
Auteur : Pierre Falba.
The Atomic Bitchwax @ Le Saint des Seins (Toulouse)
28 Novembre 2015 – Ce fût une froide soirée de Novembre. Même l’aligot et le vin chaud du marché Noël situé sur la place du Capitole (avec sa masse de gens toute aussi inconsistante que gênante) ne pouvait nous réchauffer assez. Fort heureusement, le Saint des Seins et Noiser l’avaient bien compris et nous avait donc concocté LA soirée Stoner à ne pas manquer. Car la chaleur, elle était bien là !
La première partie a été assurée par les toulousains de Simple Jack, dont ce fut leur tout premier live. Verdict ? Le cliché de la première fois : tension plus que palpable sur Clément à la guitare, soucis de gestion du micro de la part de Rémy lors des envolées, et un léger décalage dans le jeu de Gaël à la batterie. Quant à la basse ? Il fallait que ça tombe sur lui… La tête d’ampli de Fred a lâché dès le début du second morceau (Naked). Ce dernier, serein et débordant d’humour, a joué le jeu grand-guignolesque et a amusé la galerie jusqu’à ce que le matos soit de nouveau opérationnel.
Malgré tout ça… Ils ont quand même un sacré son les bougres ! Musicalement ils tiennent quelque chose d’intéressant et le public ne s’y est pas trompé, car la foule attentive et curieuse, était en masse devant la scène d’un SdS plein à craquer. D’ascendance Stoner, leurs compositions intègrent de manière homogène et harmonieuse diverses inspirations comme les sonorités de Rage Against The Machine (Around The Weird), la marche militaire à la caisse claire (Late Boy), le Metal un peu plus épais et gras (Naked, Cracked Fang), un bon son bien groovy accompagné d’une ligne de basse naturelle (Just A Glass) et le clou de la soirée, une bonne touche surprenante de Heavy (Lies). Une diversité sonore qui sait séduire un public ; des gens qui, comme moi, attendent avec ferveur la suite de leurs aventures scéniques ainsi qu’un éventuel premier album à venir.
Sont venus ensuite les très attendu américains de The Atomic Bitchwax. Sur les ondes depuis les années 90, les gars nous livrent depuis lors des compositions oscillant entre le Stoner et le Psychedelic Rock qui sent bon la grande époque des Seventies. Le mélange donne une musique au rythme ultra rapide et énergisante au possible. Oubliez les boissons bourrées d’hormones de taupes et abreuvez-vous plutôt de Super Stoner Rock ! Et question pêche, les Atomic nous en balance ! On ressort de leur set avec une énergie nouvelle.
Appauvries en chant, les compositions tiennent plus à de l’instrumental. Instrumental qui laisse la basse de Chris Kosnik (ex-Godspeed) tout le loisir de s’exprimer. Une déferlante, que dis-je, c’est un souffle « atomique » de fréquences basses que l’on se prend en pleine ganache. Et il n’y a rien de plus délectable, d’autant plus avec un jeu de doigts à la fois souple et intense. Orgasmique. La guitare de Finn Ryan n’est pas non plus en reste. Ce mec respire et inspire une coolitude absolue. Et ce n’est pas le ventilo à ses pieds (qui donne un effet « l’Oréal » à sa chevelure) qui le provoque. L’ensemble du jeu frénétique et hypnotique des deux compères est intimement lié par la batterie de Bob Pantella qui est tantôt discrète, tantôt furieuse selon les morceaux. On regrettera cependant les défauts de gestion du son. Je ne pensais pas possible d’entendre un jour un larsen de caisse claire.
La setlist a balayé l’ensemble des œuvres du groupe avec, en prime, un cover de Pink Flyod. On remarque que malgré les années passées, il n’y a que très peu de renouvellement dans leurs moutures. Cela pourrait expliquer la légère lassitude en fin de set. Mais quand même… ça valait le coup !
Merci aux zicos, à Noiser et au Saint des Seins pour cette soirée. A moins d’un mois de Noël, grâce à eux, c’est comme si on avait déjà commencé à déballer les cadeaux.
Auteur: Pierre Falba.
Photo : The Atomic Bitchwax
Setlist The Atomic Bitchwax:
- Hope You Die (I)
- Ain’t Nobody Gonna Hang Me in My Home (I)
- 45 (II)
- Giant (T4B)
- Kiss The Sun (I)
- No Way Man (Gravitron)
- Birth to the Earth (I)
- War Claw (Gravitron)
- So Come On (Boxriff)
- It’s Alright (Gravitron)
- Coming In Hot (Gravitron)
- The Destroyer (III)
- One On These Days (Pink Flyod Cover)
- Shit Kicker (I)
Rappel:
- Force Field (III)
Incoming: The Atomic Bitchwax @ Saint des Seins (Toulouse)
Rendez vous Samedi 28 Novembre 2015 à 19h30 pour se payer ensemble une bonne tranche de pur Stoner Rock ! En effet, le Saint des Seins et Noiser accueillent dans notre belle citée les américains de The Atomic Bitchwax ! Une bonne recette mes amis qu’est de délicieux mélange entre le Psychelic Rock des années 60/70’s et le Stoner “old school”. Le tout est assaisonné avec juste ce qu’il faut de Prog et on obtient le: Super Stoner Rock ! Ensemble nous pourrions ainsi goûter à Gravitron, leur sixième album sorti en avril dernier.
L’apéro sera servi en première partie par les toulousains de Simple Jack dont c’est leur tout premier concert! Ils nous livreront également du bon gros Hybrid Stoner, aux influences multiples et variées, gras et savoureux à souhait! FAIM !
Auteur: Pierre Falba.
Crédit photo: The Atomic Bitchwax
EZ3kiel @ Le Metronum (Toulouse)
5 Novembre 2015 – Nous avons eu la chance, ce jeudi, de pouvoir admirer, une fois encore, le spectacle son et lumière d’EZ3kiel au Metronum. La dernière fois que les tourangeaux se sont produits à Toulouse c’était… le 5 Novembre 2014. Il y a donc un an, jour pour jour.
L’honneur de précéder ce groupe mythique, qui tourne depuis presque 20 ans maintenant, fût attribué aux toulousains de Dona Confuse. Et là… je suis grandement embêté. Terriblement même. En 2007 sortait leur premier album, le bien nommé, Broken Like Cigarettes in Tristan Da Cunha. Sous ce titre peu racoleur se cache en réalité une perle d’un Rock aussi inclassable que sublime. Sur cet opus se succèdent des compositions d’une richesse telle qu’elles exacerbent nos émotions, telle que la mélancolie est contrebalancée par la voix cristalline de Romain. Si j’insiste sur cet album c’est que d’un, il mérite d’être écouté, et de deux… Mince, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Ils ont produit sur scène une sorte d’électro-transe aussi insipide que fadasse. “Oui mais il y a la guitare en moins” me disait un estimé collègue. Et alors ? Dans la même veine allons voir chez les italiens d’Appaloosa qui ont un line-up quasi similaire composé d’une batterie, d’un mixeur et de deux basses. Pas besoin de guitare pour les apprécier un live. Quoi que, pour les Dona, on peut également supprimer la basse de Vincent qui est totalement inexistante. Elle était inaudible et ne semblait se contenter que de trois notes à chaque fois. Ce même collègue a compté une setlist de sept à huit morceaux. Je n’en ai différencié que quatre tant ils n’avaient de cesse de jouer la même chose, notamment au niveau de la batterie (Matteo) face à laquelle la voix de Romain tentait tant bien que mal de donner du volume à la prestation. Une déception, et ça me fait très mal de le dire… surtout pour un groupe qui s’est clairement destiné à la scène avec seulement deux albums et deux EP depuis leurs débuts ! Albums qui ne sont pas désagréables à écouter qui plus est. Essayons de positiver, c’est avant tout une question de format. D’un ennui mortel en live mais qui doit être grandement plus appréciable dans un milieu plus intimiste comme les clubs par exemple.
Venons-en maintenant aux très attendus membres d’EZ3kiel que sont Stéphane Babiaud à la batterie, Joan Guillon à la guitare et au mix, et Sylvain Joubert à la basse. Il y avait du monde au Metronum pour les accueillir, beaucoup de monde même ! LUX, est leur dernière galette en date. Pour un groupe qui est connu pour ses prestations où règne une volonté de symbiose entre le son et la lumière, on attendait d’être émoustillé au plus haut point (car « lux » vient du latin qui signifie « lumière », et c’est également une unité physique qui caractérise le flux lumineux ; qui a dit que les cours du lycée ne servent à rien ?!). Et c’est d’autant plus excitant à la vue de cet immense ensemble sur portique de 48 modules de projection luminique (oui ils ont été comptés ! 4 rangées de 12 projecteurs.) Ce système fera littéralement danser la lumière tout au long du set.
Le show a débuté avec Born in Valhalla où les sons slidés de la basse, agrémentés d’une batterie des plus agressives et d’une guitare stratosphérique au possible, nous ont recueillis et projetés directement dans l’espace intersidéral à la vitesse de la lumière (oui il va y avoir beaucoup de jeux de mots vaseux dans cette chronique). On ne redescendra sur la Terre ferme qu’une heure et demie plus tard. Nombres de titres sont agrémentés de touches de glockenspiel. Magnifique. Dès le second morceau Œil du Cyclone, l’ingénierie lumineuse nous offre un festival de technicité. Un laser pointait à différents endroits du panel de modules qui ondulaient à son contact. La lumière dansait je vous dis ! On pourrait penser que l’éblouissement que suscite les prestations scéniques d’EZ3kiel serait dû aux jeux hypnotiques de la lumière (qui ferait pâlir un épileptique) mais en réalité pas du tout. Les compositions sont juste magistrales et enluminées parfaitement par le dispositif qui l’est tout aussi. Sur Dead in Valhalla, par exemple, au milieu du set, c’est un nappage de laser bleu qui prônait au-dessus de nos têtes. Les fumées émises par les appareils virevoltaient sur cette surface azurée. Une impression d’immersion totale comme si nous étions des êtres médusés sous la surface océanique. Ce titre vaut littéralement le coup en live où il prend toute sa dimension car nous aussi nous virevoltions au gré du son. Le summum fût lors du morceau LUX où Stéphane, sourire aux lèvres, nous communiquait sa joie de jouer ce morceau en live. Le public clamait son allégresse sous un tonnerre d’applaudissements. De plus, il y a eu une diversité des titres joués issus des albums précédents, qui se fondaient à merveille avec ce jeu de lumière. Je pense notamment à Versus de l’album Barb4ry dont les propos sont en contradiction avec ceux de LUX mais qui s’est révélé être plus que bienvenu.
Pour conclure, le show d’EZ3kiel est à voir ABSOLUMENT en live. C’était une expérience incroyable où nous en avons pris plein les mirettes tout autant que dans les esgourdes. C’est une prouesse de technicité à la fois sonore et visuelle. Le jeu scénique sobre du groupe laisse place aux jeux de lumière dont l’ensemble est calé avec extrême précision. C’est donc tout le staff qu’il faut féliciter pour ce travail incroyable. Alors foncez, ce ne sera point du… LUXe.
Merci aux zicos, au Metronum et aux organisateurs pour cette soirée.
Auteur : Pierre Falba.
Photographe : Clément Costantino.
Critique d’album: T.A.N.K – Symbiosis
Think A New Kind, ou T.A.N.K pour les fanas d’acronymes subtils, nous revient avec leur troisième opus : Symbiosis. Cet album est disponible dans nos chaumières pile au bon moment. En effet, rien ne vaut un bon Metal qui sent bon le Nord de l’Europe pour réchauffer nos miches. Pardon ? C’est français ?! Mazette !
La tentative est à la fois suicidaire et très intéressante. Le Melodic Death Metal, cher aux finlandais et aux suédois (i.e. In Flames, Soilwork, Dark Tranquility, etc.), est assez codifié. On est capable de le reconnaitre aisément en quelques notes. Pourquoi donc écouter un groupe français alors que l’on a pléthores de ces groupes, cités il y a deux lignes à peine, et qui sont gage de qualité avec label saumon fumé en prime ? Voilà le point qui stimule la curiosité musicale de tout afficionado de ce genre de ribambelle : est-ce qu’on est capable de faire aussi bien et poser notre French Touch sur ce style ?
La réponse ? En fin d’article je vous prie ! Tout d’abord admirons les visuels de la pochette et du livret de l’album qui sont assez chouettes. Du Cyber Punk Post Apocalyptique qui nous laisse présager un ensemble de titres plutôt… joyeux. Il est à noter que ces visuels ont été réalisés par Rusalka Design qui s’amusent à retravailler les visuels d’album de Soilwork (tient tient…) ou même de Fear Factory.
Bien ! Qu’en est-il enfin de la musique ? On entame l’écoute avec 1 min 29 d’une introduction d’album des plus épiques! Un crescendo de guitare sèche, de batterie et de violon qui se termine en explosion de parpaings dans la tronche au début du second track, l’éponyme Symbiosis. C’est juste bon. Nous sommes donc dans les meilleures dispositions pour en profiter pleinem… Take This Life. Quoi ?! Take This Life ! Les couplets instrumentaux de ce morceau font carrément penser au titre d’In Flames ! Cependant ça n’enlève en rien à la qualité du titre qui est appréciable tout de même. Les parties de chant clair sont doublées en arrière-plan par le chant growl qui donne plus de profondeur. La surprise vient surtout au dernier tiers. Cela ne dure que quelques secondes à peine mais le jeu de guitare saturée et bas au possible me semble justement être ce que je cherchais en découvrant T.A.N.K. Un son bien français que l’on retrouve également en introduction de Baneful Storm, additionné de beats de batterie, ainsi que dans Legacy. Ceci ne tient juste que d’une réflexion personnelle, mais ces quelques notes sont récurrentes dans le Metal français. A vous de vous en faire un avis.
Pas grand-chose à redire sur les deux morceaux suivant que sont From The Strait And Narrow et Baneful Storm, c’est de bonne facture mais ils rentrent bien dans les cases du genre (on peut quand même dire pour ce dernier morceau cité, qu’on flirte par moments avec un Metal un peu plus classique mais ça serait chipoter). Non ce qui envoie vraiment c’est Blood Relation qui suit un interlude caverneux et cauchemardesque, interlude qui booste l’effet « haute vitesse » du titre. Blood Relation est LE morceau de l’album. Vendu comme étant un featuring avec Björn « Speed » Strid de Soilwork. La composition qui, tel un coup de sang, est très (mais alors très) rapide, contrastée cependant avec des refrains très (mais alors très) groovy. Le chant de Björn se fond à merveille dans le groupe comme… Ben ouais, comme une symbiose en fait.
On passe vite fait sur The Chrysalis, agréable à l’écoute mais il n’ y a rien de probant à dire, pour se concentrer sur Troubled Days. C’est LE second titre qui se démarque de cet album. L’harmonie et l’équilibre entre les compositions instrumentales, le rythme et le chant font de ce morceau quelque chose d’assez plaisant. Lorsque l’on écoute T.A.N.K c’est une qualité qui se retrouve tout au long de leur parcours, mais ce morceau résume la remarque de manière explicite.
Un nouvel interlude fait figure d’introduction au morceau le plus mélodique de l’album, Legacy. De plus le growl omniprésent sur toute la piste, contre balance cette mélodie avec, en dernier lieu, une tranche de solo de guitare coincée entre deux break down bienvenus. Du panache. Rien à dire de spécial non plus en ce qui concerne Like Vulture et on termine Symbiosis avec The Edge of Time qui conclue parfaitement cette galette. La dimension Cyber Punk Post Apocalyptique prend tout son sens où se mélangent des sonorités électro-mélodiques ainsi que des chœurs féminins qui rendent la chose à la fois belle et classieuse.
En définitive, Symbiosis n’est pas qu’un simple titre pour le nouvel album de Think A New Kind. C’est un véritable tour de force que d’avoir réussi à associer les sonorités particulières et bien définies du Melodic Death Metal du Nord de l’Europe, avec celles qui sont propres au Metal français. Il est également composé en trois actes, distincts par l’intro et les interludes qui font vraiment écho à une histoire qui se raconte plus qu’il ne s’écoute. Une vraie symbiose.
Auteur : Pierre Falba.
Note : 7,5/10 – « Symbiose » parfaite entre le saumon fumé et le pain bâtard, ce nouvel album de T.A.N.K est une belle surprise qui régalera les amateurs de Melodic Death Metal et de Metal en général.
Incoming: EZ3kiel @ Le Metronum (Toulouse)
Alors là mes aïeux! Il va y avoir du grand spectacle au Metronum le jeudi 05 Novembre prochain. Lustrez vos mirettes les gens. Faites péter vos cotons tiges pour vous démieller vos cages à miel car EZ3kiel sera sur la place!
De retour sur Toulouse avec leur nouvelle oeuvre “accoustico-visuelle”, LUX, ce sera un enchaînement de morceaux oscillant entre l’Electro-dub et le Post-Rock qui nous ravirons tout au long de ce concert d’exception. Les tourangeaux d’EZ3kiel sont (re)connus depuis maintenant 20 ans pour leur capacité à allier arts graphiques et musique unique et progressiste. Ce nouvel album est donc consacré cette fois-ci aux pouvoirs et aux propriétés de la lumière, le tout dans une ambiance rétro-futuriste aux allures cinématographiques. Les frontières entre 4ème et 7ème arts n’auront jamais été aussi floues, ce qui ravirait surement les frères Lumière.
La première partie sera assurée par les toulousain de Dona Confuse. Se sont également des alchimistes qui produisent dans leur kit du parfait petit chimiste, des compositions diversifiées mais surtout déconcertantes. Leur premier album Broken Like Cigarettes in Tristan Da Cuhna dont l’aboutissement frôle la perfection, nous transmet une déferlante d’émotions fortes allant de l’angoisse au sublime. C’est à partir de leur seconde mouture, Ghost Healers’ Fascinating Box, jusqu’à l’EP sortis en 2014 Beyond The Cosmos Cover, qu’ils ont basculé dans une Transe fondée sur le genre KrautRock cher aux allemands (i.e. Kraftwerk pour ne citer qu’eux). Eux aussi s’amusent à créer des œuvres à part entière et uniques dont les compositions nous forcent à entrevoir par le son ce qu’est réellement la synesthésie.
Vous l’aurez compris le jeudi 05 Novembre 2015 prochain est donc une date à ne pas manquer.
Auteur: Pierre Falba
Photographie: EZ3kiel.
Critique d’album : Seeds Of Mary – Choose Your Lie
Qu’est-ce que le classicisme ? C’est la question que l’on se pose lorsqu’on écoute ce second album de Seed of Mary intitulé Choose Your Lie. On y retrouve en effet tous, et absolument tous les codes d’un bon vieux Rock typé fin des années 80 et début 90. On peut citer à titre d’exemple, les solos endiablés de guitare ou bien encore les fins de morceaux en fondu comme dans l’ancien temps (ce qui prête à sourire). Le souci est donc bien là, car mis à part les deux premiers morceaux Under My Bed et Crash, l’album s’enchaîne sans aucunes autres originalités.
C’est avec une introduction mêlant marche militaire et complaintes d’outre-monde que débute cette galette. Sur cette première piste, on reconnaît donc bien la patte du style mais le partage du chant entre le chanteur et les deux chœurs, aux voix bien distinctes, donne un résultat plutôt agréable à l’écoute. C’est malheureusement vite oublié par la suite. Le morceau suivant débute et là un élan de nostalgie nous souffle son haleine dans la tronche. On soupire. Cette nostalgie perdure jusqu’à la fin du troisième titre, Choose Your Lie. Et puis vient Killing Monster. C’est un morceau assez plat et un tantinet long-gagne, on en apprécie la fin. Freakshow relance l’intérêt, bien tubesque, et on se surprend à continuer à dodeliner de la calebasse. On passe ensuite le cap de la moitié de l’album, et les titres se suivent et se ressemblent. On finit par s’ennuyer et ce n’est pas la fin du set qui va changer cela. Les deux derniers morceaux : King Without a Sun manque cruellement de panache, et… le groupe nous gratifie d’une version acoustique de Killing Monster. Help !
Choose Your Lie est donc un album assez inégal où le premier tiers promet des choses intéressantes et puis finalement c’est une dégringolade dans le classicisme du genre. Ça tombe à plat un peu comme un pétard mouillé et ça reste dans la continuité sans vraiment apporter quelque chose. Il est même possible de s’amuser, avec les sonorités des titres, de faire un ersatz de blind test pour reconnaître les morceaux ou les groupes qui nous viennent en mémoire durant l’écoute. C’est assez amusant après plusieurs de ces écoutes.
Cependant, et une fois qu’on est au courant de cela, c’est également ce classicisme qui donne la force non pas à cet album mais à Seeds of Mary. Il y a une réelle volonté de perpétuer la flamme ardente de la génération précédente du Rock ; comme on en fait plus tellement de nos jours. Cet album se révèle donc être une brise légère et bienvenue qui dépoussière nos mœurs nostalgiques et dépucelle ainsi les jeunots, aux oreilles encore vierges de notre bonne vielle mixture auditive. Ils le font de manière assez propre, non dénuée d’une certaine qualité malgré tout.
C’est donc bien lorsque l’on “sait” qu’il n’y a rien de neuf dans cette mouture qu’on finit par l’apprécier. C’est assez paradoxal, il faut en convenir, mais on revient avec plaisir sur certains morceaux dont les riffs restent gravés dans la tête. On les fredonne naturellement durant plusieurs jours après l’écoute.
Note : 6/10 – Album qui perpétue le bon vieux Rock des années 80/90. Pour les nostalgiques et ceux qui veulent (re)découvrir la musique des grands frères du genre.
Auteur : Pierre Falba.