Depuis la sortie de leur premier album Labyrinth Constellation en 2014, Artificial Brain est devenu l’une des coqueluches du Death Metal. Inutile de dire que la sortie d’Infrared Horizon était l’une des galettes les plus attendues de 2017 dans le milieu des vocaux de type growls. Librement inspiré de la bande de Gorguts, l’un des joyaux peu connus du Québec, Artificial Brain avait créé tout un remous avec son Technical Death Metal tirant parfois vers le Métal Dissonant et le Death Metal Brutal. Voyons maintenant si avec leur album cadet ils ont su conserver le même niveau d’excellence.

Aux tous premiers abords, on sent que l’écriture des pièces contient pas mal plus de sonorités se rapprochant du Black Metal qui sans délaisser le Tech Death, Infrared Horizon se veut plus hargneux, tout spécialement dans le registre du vocaliste Will Smith (détrompez-vous ce n’est pas l’acteur Hollywoodien même si j’espère que personne ne se serait mépris) on sent plus de montées dans les hautes notes notamment sur le morceau Infrared Horizon. Néanmoins, ce qui rend bien digeste ce mélange de genres et de sous-genres est, entre autres, les prouesses techniques des guitares qui, tout en donnant dans l’atonal, viennent ponctuer les pièces avec précision. En ajoutant à cela, la performance rythmique de Keith Abrami derrière les tambours et de Samuel Smith à la basse ils viennent tapisser les pièces avec grandeur sans jamais faire ombrage à leurs collègues grattant les cordes de guitares et étirant leurs cordes vocales. Les changements de tempos fréquents agrémentés de montées rapides avec plusieurs fractures de tons tel le titre Vacant Explorer démontrent tout le talent tant dans la rapidité que dans le mid-tempo de l’écriture. Chacune des pièces de cet album nous garde sur le bout de notre chaise avec les multiples dédales des compositions et l’urgence de l’intensité déployée par la charge des moments à la fois rapides et techniques.

Du côté de la production, le renommé Colin Marston (Gorguts, Dysrhythmia, Krallice) était aux commandes de l’enregistrement/mixage/mastering et l’album est d’une qualité irréprochable. La plage dynamique, c’est-à-dire l’écart entre les basses et les hautes, est bien sentie et chaque instrument est présent sans en assourdir les autres lors des passages plus rapides ou dissonants. En fait, la mouvance du Métal Dissonant est plus que partiellement redevable à Marston. Il suffit de tenter de répertorié tous les albums où il a participé soit en tant que musicien, producteur, mixeur ou autre dans les dernières années, et ce depuis qu’il s’est joint à Gorguts, pour en observer son héritage déjà impressionnant. Que l’on aime ou pas le Métal Dissonant, il faut admettre que cette tendance donne un nouveau souffle au Death Metal et ses sous-genres.

Alors bien beau tout cela mais qu’en est-il de l’appréciation de l’album vous direz. Bref, si l’on compare Infrared Horizon à son prédécesseur, Labyrinth Constellation on remarque tout de suite qu’Artificial Brain tente d’éviter les comparaisons hâtives en explorant les dogmes, musicalement parlant, du Black Metal sans pour autant dénaturer leur propre signature. Ainsi, leur nouvel opus devient une progéniture avec une approche unique. N’en déplaise à certains amateurs de Death Metal les intrusions du Black Metal sont subtiles et irréprochables. Bien que l’album ne puisse probablement pas plaire à tous les plus orthodoxes du Death Metal, il a beaucoup impressionné cet hérétique des genres tant par la dextérité de tous les membres d’Artificial Brain que par la qualité globale de la production d’Infrared Horizon.

8.5/10

Auteur: Michaël Parent