Le 14 novembre dernier, on peut dire que Julia était bien entourée et qu’il ne manquait pas de testostérone au MTelus.

Après une première partie assurée par l’auteur-compositeur britannique Luke Sital-Singh, Angus et Julia Stone sont embarqués sur la scène pour venir nous transporter dans leur monde folk-blues. Pour leur présente tournée, le duo est accompagné d’un bassiste, d’un guitariste, d’un batteur et d’un arrangeur musical qui ont été présentés les uns à la suite des autres par Julia, les trouvant tous absolument merveilleux.

Ils ont débuté la soirée avec Baudelaire, commencement poétique, mais assez mélancolique il faut dire. Convaincre une salle francophone? Oui… mais non. Ensuite, ils ont continué avec des titres de leur dernier album (Snow) sorti cet automne, Make It Out Alive et Cellar Door où Julia a délaissé sa trompette pour sa guitare acoustique. Ils ont enchaîné avec une version revisitée de Hearts Beat Slow (2014), plus rythmée que l’originale. Un des points forts de ces frangins australiens, mis à part qu’ils sont des multi-instrumentistes, c’est qu’ils laissent la place à l’improvisation durant leurs spectacles. Improvisation calculée? Peut-être bien, mais reste que ce n’est pas tous les artistes qui le font et que ça ne leur fait pas défaut.

Ils ont alterné la plupart de leurs titres, passant de Snow (2017) à leur album de 2014 Angus et Julia Stone avec quelques exceptions bien sûr. Château, Wherever You Are, Bloodhoud et ainsi de suite. Who Do You Think You Are était définitivement le moment le plus groovy de la soirée avec Angus au piano, des improvisations aux influences de reggae et de blues ainsi que des samples de percussion. Bref, j’en aurais pris quelques-unes de plus avec cette saveur délectable.

Julia nous a ensuite remis les pieds sur terre avec sa récitation de poème. Elle a appris «Enivrez-vous» de Baudelaire, poème ayant directement inspiré la chanson sur leur album et nous a avertis d’avoir recours à notre imagination pour saisir les mots en français à cause de son fort accent. Nous n’avons clairement pas saisi l’entièreté des vers, mais bel effort. C’était tout à fait charmant. Convaincre une salle francophone? Oui.

Puis, c’est Nothing Else qui a suivi ainsi que leur fameuse Big Jet Plane. Franchement, j’aurais gardé ce titre pour le rappel et j’ai été assez surprise qu’il soit joué auparavant. Julia nous a ensuite raconté l’origine de For You avant son interprétation; à la suite d’une rupture il y a plusieurs années de cela, elle avait composé cette chanson et elle l’avait envoyé à son ex. Lorsque celui-ci lui avait répondu en lui envoyant à son tour une chanson, elle s’était fait à l’idée que ce serait une chanson romantique. Nope, not at all. C’était une chanson de death metal  avec les paroles répétitives You’re going to hell. Hi-la-rant. J’ai de loin préféré l’histoire à la chanson. Ils ont ensuite conclu avec My House Your House et Snow (avec des flocons projetés sur l’écran en prime).

Pour le rappel, Julia a tenté de se rappeler des accords de Chocolates and Cigarettes, ce qui n’a pas été tout à fait réussi. Après un cover de Harvest Moon (Neil Young), ils ont réellement terminé la soirée sur Soldier (2007). Ils auraient pu terminer avec des titres connus et plus entraînants, question de finir sur une belle note, mais c’est quand même une signature qui les définit comme duo : mélancolie à la folie. Ce n’est donc pas le genre de concert où l’on ressort avec un cœur rempli de papillons et une tête légère.

Mais continuons de nous enivrer. Enivrons-nous. Enivrons-nous de poésie, enivrons-nous de musique. Toujours et sans cesse.

Auteure: Laura Gauthier

Photographe: Marie-Jade Morneau