Angus et Julia Stone – Bikini décembre 2014

Vendredi 21 octobre 2017 – Ce soir la fratrie australienne revient sur la scène toulousaine pour présenter leur quatrième opus Snow, sorti le 15 septembre dernier. Plutôt habitués à la salle du Bikini, ils jouent pour la première fois dans la grande salle du Zénith, qui n’affiche visiblement pas complet.

20h00 – Isaac Gracie, une des dernières pépites produites par la scène folk anglaise, entre sur scène. Gueule d’ange, et la voix qui va avec. Un “Bonsoir Toulouse” plutôt timide et il entame directement All In My Mind avec sa guitare pour seul accompagnement. Dès les premières notes, la salle frissonne et ce n’est qu’un début. Les morceaux s’enchaînent et Isaac continue de montrer l’étendue de son talent et de sa palette vocale : une voix tantôt céleste, quasi-mystique, tantôt profonde et délicieusement écorchée. Et le public encaisse, immobile, silencieux, comme hypnotisé par cet ovni venu de Londres. Son dernier titre Reverie nous laisse… rêveurs et on se laisse bercer une dernière fois avant que le charme ne se brise. Les lumières se rallument. Le retour à la réalité est un peu brutal après ce moment de pure grâce, mais on se console, on sait ce qui est à venir…

21h – Angus et Julia font leur apparition, accompagnés de leurs quatre musiciens. La scénographie est simple et fidèle à l’univers visuel du duo. Des vidéos qui sentent bon le filtre Instagram et les embruns du Pacifique sont projetés en toile de fond tandis qu’un totem indien – un aigle multicolore aux ailes déployées – trône au milieu de la scène. Sans un mot, ils commencent leur set avec Baudelaire et enchaînent directement par Make It Out Alive et Cellar Door, deux autres chansons de leur nouvel album. Enfin, un petit “Bonsoir, ça va ?” de Julia brise la glace. Le duo continue avec Heart Beat Slow. Les guitares sèches jouent en parfaite harmonie, les regards se croisent, les corps se courbent à l’unisson, on apprécie ce moment de communion. Le public, bien qu’un peu apathique au départ, se laisse entraîner par le beat plus énergique de Chateau. Des “Julia, I love you” ou autres “Angus, marry me” sont lancés dans la salle et font sourire les deux artistes. L’atmosphère se détend, et on a même droit à quelques mots d’Angus, plutôt effacé jusqu’à présent.

Entre les morceaux, c’est un véritable ballet d’instruments qui prend place : trompette, guitares sèches et électriques, harmonica, clavier, tambourin, le frérot et la frangine touchent à tout et nous, on se régale par tant de variété. C’est sans compter leurs musiciens qui assurent au niveau des accompagnements et des choeurs, avec une mention spéciale pour un solo de banjo dont nous a gratifiés le guitariste sur un vieux titre Private Lawns. D’autres titres extraits des premiers albums sont repris, bien sûr leur titre phare Big Jet Plane que la foule reconnaît dès les premières notes, Yellow Brick Road qui nous enveloppe dans un cocon douillet, porté par la voix envoûtante et légèrement éraillée d’Angus, ou encore la sublime et touchante interprétation de For You par Julia. Une lettre d’amour musicale qu’elle nous confie avoir écrite sur un recoin de table d’hôtel, juste après une séparation. En retour, nous dit-elle, elle a reçu une autre composition: un morceau de métal dénué de tout romantisme. Aïe…

L’apothéose vient avec Snow et ses jets de confettis blancs qui tombent en rafale sur la scène et la couvre d’un manteau blanc. Les spectateurs en redemandent et sont récompensés par trois titres supplémentaires joués lors du rappel.

Le set a finalement duré 1h45, et ce fut un véritable moment de bonheur et de douceur partagé avec Angus, Julia et leur “famille” de tournée. On apprécie toujours autant leur simplicité, leur talent à l’état brut et leur show visuel. Et nous vous laissons avec ces quelques vers de Baudelaire, que Julia nous a récité sur scène, réinterprété dans un français hésitant, mais néanmoins charmant: “Il est l’heure de s’enivrer! Pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.”

Auteure : Laurence Etilé

Photo : Jérôme Jacques – Archives Thorium Magazine