AaRON

AaRON

03 février 2016 – Aujourd’hui je sors un peu des sentiers battus et me rends au Bikini pour une soirée bien loin de l’univers metal dans lequel je baigne au quotidien. C’est une expérience plus calme qui m’attend, une immersion au cœur d’une musique indie, électronique aux accords pop et rock avec en premier lieu YANIS suivi du célèbre duo français AaRON. Les amateurs du genre se sont déplacés en nombre pour l’occasion et la file qui s’est formée devant la salle s’étend à perte de vue.

Il faudra s’armer de patience, les portes s’ouvrent aux alentours de 20h, le froid et les spectateurs pénètrent dans le Bikini  qui s’emplit tranquillement mais sûrement. La pénombre s’installe à 20h30 pendant qu’une lumière bleutée illumine la scène où apparaît Yanis Sahraoui et ses deux acolytes. Remarqué en 2008 grâce à sa reprise de Womanizer de Britney Spears (dont il assura la première partie en 2009 à Paris Bercy) l’artiste s’est tout d’abord révélé sous le pseudonyme Sliimy. Son single Wake Up a ensuite tourné en boucle à la radio, un titre qui a cartonné mais qui, personnellement, m’a surtout fait saigner les oreilles ! Fort heureusement, il est bien loin le Sliimy à bouclettes qui nous servait de la pop pour ado. C’est un homme métamorphosé qui s’avance, Yanis, l’artiste protéiforme et complet au look chic et soigné, vient nous présenter son EP L’Heure Bleue qui sortira le 12 février. Les sonorités pop-electro des titres comme Hypnotized, résonnent, cela me fait penser à du Years & Years avec cette english touch. D’autres morceaux comme The Run ou Y & I laissent entrevoir la sensibilité de l’artiste, c’est aérien et plein de douceur, comme du velours en somme. Pendant une petite demi-heure Yanis s’exprime, se livre et bouge son corps sur les rythmes lancinants (et invite le public à en faire autant), une onde sensuelle parcourt la salle. Un joli moment.

Changement de décor, place maintenant au duo français AaRON, composé de Simon Buret (chant, piano) et d’Olivier Courser (guitare, claviers, chœurs). Ils se sont fait connaître grâce au tube U-Turn (Lili) et faisaient leur retour en 2015 avec leur troisième album We Cut The Night qu’ils dévoilent intégralement sur scène à l’occasion de cette tournée.
Les lumières s’éteignent à nouveau vers 21h20, les musiciens apparaissent sur la scène brumeuse et tamisée au son de la mélancolique et enveloppante Magnetic Road suivie de la plus énergique Onassis. Le set sera bien équilibré, ponctué par les changements de rythme avec tantôt des morceaux lents tantôt des titres dansants. Les voix des spectateurs s’élèveront dans le Bikini sur les chansons plus anciennes comme Seeds of Gold, Rise, Arm Your Eyes et bien entendu U-Turn. Cette dernière que l’on a écoutée en boucle dans sa version la plus simple (piano/voix) est remise au goût du jour, plus électronique. Un choix audacieux mais j’ai une préférence pour la version originelle.  La musique me transporte totalement, la voix de Simon est incroyable, il passe des graves aux aigües avec une facilité hallucinante. Son grain un peu enroué, fragile, est néanmoins puissant et laisse passer tout un tas d’émotions… frissons garantis! Olivier, coiffé de son chapeau, assure à ses côtés alternant entre sa belle Gibson et son clavier. Le duo est accompagné de deux musiciens (batterie, guitare/clavier), détail important qui permet de donner de la densité aux morceaux. Le public est captivé, tant par le show musical que par le spectacle visuel. Le jeu de lights, subtile et moderne est sublime et colle parfaitement à l’univers indie, pop/rock electro d’AaRON. Les titres se succèdent, le chanteur aux yeux malicieux est très communicatif, il va demander au public de se lâcher en chœurs et en cris avant de démarrer We Cut The Night. C’est donc à l’image d’un chef d’orchestre que Simon agite ses bras faisant crier la foule, enthousiaste et active, pendant le refrain. Les artistes s’éclipsent et les clameurs retentissent. Ils sont vite de retour et les accords entraînants de Blouson Noir retentissent et le public s’agite. Instant émotion avec Little Love, les torches des téléphones sont brandies (à la demande du chanteur), les lumières se balancent et scintillent comme des lampyres, c’est beau !! Le groupe s’en va puis, encouragé par les chaleureux applaudissements, le duo revient pour une ultime chanson. Pas de micro, seules la magnifique voix de Simon et la guitare sèche d’Oliver résonnent, pour un final doux et troublant avec Mister K. Le public silencieux est envoûté et repart des étoiles plein les yeux. AaRON nous a livré un concert somptueux, parfaitement exécuté.  Merci !

 

Auteure : Fanny Dudognon

Photographe : Antony Chardon